Intervention de Antoine Herth

Réunion du mardi 9 mars 2021 à 17h15
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

L'amendement CS841 ne m'a pas été suggéré par quelque lobby que ce soit et je regrette qu'il fasse partie de cette discussion commune, car il ne procède pas de la même démarche. Celui de la rapporteure est un amendement de réassurance, car lorsque l'on parle de la production agricole, l'on pense d'abord aux productions végétales déjà bien engagées dans la haute valeur environnementale (HVE). La forêt dispose, elle, du programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC) qui intègre à la fois la captation du carbone mais également les autres aménités qu'elle génère. Quant au secteur agroalimentaire, je vous mets au défi de trouver un système simple, compte tenu du grand nombre d'ingrédients en jeu.

Le vrai problème que nous rencontrons concerne l'élevage. L'analyse en fonction du cycle de vie fait apparaître une gradation en matière de performances : les volailles ne se placent en tête de ce point de vue que parce que leur durée de vie est la plus courte. Vient ensuite la filière porcine, engagée dans un travail considérable – notamment en matière de réduction des émanations, de recyclage des déchets dans la filière de l'abattage et des biocarburants – dont j'ai pris la mesure dans le cadre d'un rapport sur la viande que je prépare pour l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) : j'ai été bluffé. La filière laitière réclame, elle, l'analyse en termes de cycle de vie parce qu'elle sait ses performantes très fortes.

En revanche, l'élevage à l'herbe pose un gros problème technique : il est impossible d'installer des méthaniseurs dans les prés, d'empêcher les vaches de faire leurs besoins dans la nature, de roter lorsqu'elles ruminent ou de lâcher du méthane, encore plus néfaste que le CO2 pour le climat. La seule façon de rééquilibrer le débat, pour les bovins comme pour les ovins, serait d'intégrer les autres aménités que je décris. L'objet de cet amendement est donc d'envoyer un signal politique très fort, car les éleveurs sont vent debout contre ce que nous faisons ici. Un éminent spécialiste de l'élevage, membre de La République en marche, avait d'ailleurs déposé un amendement de suppression de l'article, qui n'a pas été défendu.

Faisons œuvre utile pour le monde de l'élevage, que l'article 59 stresse également. Disons-lui que nous avons compris le problème et que nous serons à ses côtés pour le résoudre, en citant le mot « élevage » qui ne figure dans aucun autre amendement. Si vous ne voulez pas du mien, je le retirerai pour le déposer en séance, mais, je vous en conjure, lancez ce signal !

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