Sans vouloir doucher l'enthousiasme général, on connaît la capacité de l'administration à accomplir sa révolution numérique. On se souvient des « plantages » massifs de Louvois, des retards pris par Chorus et on sait combien la gestion des données est complexe pour l'administration.
Je me demande si on ne prend pas les choses à l'envers : ne devrait-on pas commencer par les infrastructures et la souveraineté numérique avant de discuter des données ? Si, demain, l'État devait recenser des données – à supposer qu'il en soit capable –, et que celles-ci étaient piratées, d'autres pays, voire des entreprises, pourraient récolter les fruits de notre travail d'évaluation pour bâtir un modèle économique. La question est aussi de souveraineté numérique. Nous devrions nous demander, d'abord, comment l'État pourrait devenir un acteur numérique, protéger ses réseaux, éviter de stocker ses données à l'étranger – je vous rappelle que les données du site de l'Élysée sont stockées sur un site américain ; ensuite, s'il est bien de son rôle d'accomplir ce travail. Yuka a bâti seul son modèle économique, sans intervention de l'État, et fonctionne très bien. Qui trop embrasse mal étreint : on peut inscrire ces dispositions dans la loi, mais elles ne seront pas suivies d'effet.