Je ne sais pas qualifier les mobilités inutiles. Partir en vacances avec la SNCF l'été est-elle une mobilité inutile ? Vous avez raison, c'est un débat philosophique, dont les conséquences et les aspects techniques ne peuvent être traités dans cette commission.
Sur le fond, madame Batho, vous avez raison sur le sujet des émissions hors CO2. Il y a quelques mois, nous avons lancé une chaire universitaire, en lien avec l'Institut Pierre Simon Laplace, pour objectiver ce phénomène physique et évaluer le forçage radiatif. Nous y travaillons de façon concrète.
Vous disiez vouloir faire préférer le train à l'avion. La moitié des financements du plan de relance sont destinés au secteur ferroviaire – 5 milliards d'euros sur les 11 milliards. Si un gouvernement a préféré le train, c'est bien le nôtre. Depuis 2017, 35 milliards d'euros de dettes ont été repris, 3 milliards ont été consacrés à la régénération du réseau ferroviaire, que nous avons trouvé dans un état de vétusté assez avancé. En moyenne, notre réseau ferroviaire a deux fois l'âge de celui de nos voisins allemands. Contre tous les pronostics, c'est cette majorité qui a relancé les petites lignes ferroviaires, avec un plan de 6,5 milliards d'euros pour sauver 9 000 kilomètres de petites lignes. S'agissant de la préférence pour le train, nous nous sentons en accord avec ce que nous disons.
Et si nous comparons les modes de transport, faisons-le jusqu'au bout. Vous les comparez tantôt avec les kilomètres parcourus tantôt par kilomètre par passager. Ce travail est complexe. Faisons-le !
La philosophie de ce Gouvernement est bien la complémentarité, non la concurrence entre les modes. Dans le Massif central, vous avez besoin de trains – et d'ailleurs, d'un réseau ferroviaire amélioré – et d'avions, pour préserver l'emploi. Il faut agir et être animé de cette philosophie positive de complémentarité entre les modes. Au travers de travaux d'aménagement du territoire et d'incitations bien pensés, on peut arriver à cette cohésion et cette complémentarité des modes.
Des résultats rapides doivent être obtenus, notamment pour l'électrification des opérations au sol – les tracteurs, les flottes captives dans les aéroports. S'agissant des biocarburants, j'ai évoqué quelques filières d'avenir, sur le court terme. Une autre filière, les carburants synthétiques, réalisés à partir d'hydrogène et de CO2, posent la question de la massification de la production. Ces deux filières sont déjà compatibles avec les moteurs existants. Lorsque l'on recherche des gains rapides, on peut parvenir à des résultats très tangibles en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, si l'on parvient à massifier suffisamment ces productions.
Le saut technologique réside dans l'avènement d'une filière hydrogène, décarbonée dans sa production et massifiée dans ses usages. Le transport aérien a la capacité de mobiliser une filière industrielle d'envergure mondiale et complète. Nous avons investi 1,5 milliard d'euros de fonds publics, en complément de ce qu'investissent les filières, avec des volumes d'investissement considérables, notamment des grands donneurs d'ordres aéronautiques. Nous sommes convaincus de pouvoir être les premiers à décarboner ce secteur, en concurrence avec deux blocs, qui avancent très vite, les Chinois et les Américains. C'est un sujet qui a trait non seulement au climat mais au rayonnement et à la puissance industrielle. Il y a là aussi une forme de complémentarité. Nous nous donnons les moyens d'agir à la fois contre le dérèglement climatique et pour préserver une filière industrielle française d'exception.