Monsieur le ministre, votre venue au premier jour de nos auditions sur ce projet de loi prend tout son sens tant il est vrai que votre ministère et votre action occupent une place prépondérante dans la réponse que la République peut apporter au phénomène du séparatisme et dans la promotion des valeurs qui nous sont communes. C'est aussi parce que l'école et le monde de l'enseignement en général sont particulièrement visés et contestés, notamment par le militantisme politique islamiste, que nous devons réagir de manière forte et décidée.
Je ne vous apprends rien à ce sujet, vous qui avez saisi le problème à bras-le-corps et qui, dès votre arrivée, avez pris des mesures qui concourent à la réponse globale que nécessitent de tels débordements – je pense notamment à la création du conseil des sages de la laïcité, au soutien aux enseignants, à leur formation à ces sujets difficiles et sur lesquels ils sont en première ligne. Nous vous avons toujours soutenu en ce domaine, car nous considérons qu'il s'agit d'une question grave qui a trop longtemps été laissée sous le tapis. Ce fut aussi le cas, bien avant ce projet de loi, des écoles hors contrat, à propos desquelles des mesures fortes ont été prises à l'occasion de la loi Gatel, que nous avons adoptée il y a deux ans.
Les dérives communautaristes se nourrissent bien souvent de nos insuffisances et de nos manques. Si la République est une idée et un projet, elle doit proposer à ses enfants des perspectives d'évolution à la hauteur des attentes de chacun. Ces principes, nous les avons défendus avec vous depuis le début du quinquennat et nous vous savons gré d'avoir présenté l'une des mesures de justice les plus fortes de ces dernières décennies avec le dédoublement des classes, de la grande section au CE1, dans les réseaux d'éducation prioritaire. C'est sur le terrain que se gagne et que s'est toujours gagnée l'adhésion républicaine.
Pour l'heure, avec ce texte, il convient de nous interroger sur le dysfonctionnement de notre organisation actuelle. La question de l'instruction en famille a fait grand bruit et nous en comprenons les motifs. Sans doute y a-t-il des aménagements à trouver pour que cette liberté reste possible. Les outils de l'éducation nationale – je pense en particulier au Centre national d'enseignement à distance (CNED) – ont prouvé leur pertinence et leur efficacité, et sont certainement à promouvoir. Néanmoins, on ne peut contester que des difficultés existent et qu'elles conduisent à ce que plusieurs dizaines de milliers d'enfants, souvent des jeunes filles, soient écartés de l'école commune. Vous avez raison de lier ce sujet à celui des écoles hors contrat, car il semble qu'il existe en la matière des vases communicants.
Le groupe Mouvement démocrate et démocrates apparentés est attaché à ce que l'école soit un creuset républicain et un outil d'épanouissement de chacun. Il sera attentif à ce qu'elle le demeure et soutiendra les initiatives que vous prendrez en ce sens.