Intervention de Alexis Corbière

Réunion du mercredi 6 janvier 2021 à 11h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Avec tout le respect que j'ai pour Olivier Falorni, je lui dirai qu'il émet des critiques vives à l'encontre d'invités qui étaient présents ce matin et que, dans le cadre de nos débats, il faut s'adresser précisément aux personnes quand elles sont là. Procéder de la sorte ne me semble pas de bonne méthode, quel que soit ce que l'on pense au fond. La clarté doit être faite pour vérifier s'il existe des désaccords et sur quels sujets. Franchement, dans ce débat confus, je n'approuve pas cette façon de procéder. Arrêtons et débattons du fond !

Monsieur Clavreul, selon vous, qu'est-ce que ce texte apporte de nouveau ? Je connais vos positions, nous nous sommes pris de bec mille fois. Je suis d'accord avec vous, des dispositifs législatifs existent, il faut les appliquer. Ensuite, je vous ai trouvé un peu plus vague sur les éléments nouveaux, et puis je crois que vous vous êtes trompé : vous avez évoqué l'article 26 relatif aux manifestations politiques dans les lieux de culte alors que vous vouliez sans doute faire référence à l'article 31. Pourriez-vous reprendre, je vous prie, car je ne saisis pas très bien ?

Par ailleurs, à la place qui est la vôtre, quels sont, selon vous, les éléments objectifs pour mesurer, par exemple, ces thèmes largement évoqués par certains ministres : mariage forcé, certificat de virginité, etc., auxquels nous sommes tous opposés ? Quels sont donc les éléments permettant de juger de la progression ou de la régression des phénomènes ? Ce n'est pas être « collabo » que de vouloir des éclaircissements. Moi aussi, je vis en Seine-Saint-Denis, j'ai les yeux ouverts. Il y a des choses que je vois, des choses que je ne vois pas. J'entends aussi qu'il y aurait urgence à agir, mais il ne faut pas le faire de façon imprécise et ne pas oublier non plus que la commission Stasi, en 2003, avait déjà étudié le sujet de façon approfondie, nous informant, entre autres, que le communautarisme était plus subi que voulu. Elle avait notamment avancé plusieurs propositions portant sur la fermeté dont il fallait faire preuve sur les questions de laïcité, articulée à des politiques d'organisation urbaine et des politiques de réaffirmation de service public, qui n'ont pas vu le jour. Telle est la difficulté à laquelle nous sommes confrontés.

Vous aurez compris le sens de mon propos, je souhaiterais que vous entriez un peu plus dans le détail des outils nouveaux du texte que nous étudions, susceptibles d'apporter des réponses.

Je profite de l'occasion pour évoquer l'article 28, relatif à la possibilité pour les associations cultuelles de ne plus seulement avoir pour objet des activités cultuelles mais de gérer des biens de rapport, ce qui me semble être une incompréhension de la loi 1 905.

Enfin, je reviens au sondage évoqué. Chers collègues, en tant que professeur d'histoire, j'ai souvent été contesté sur la Révolution française, dont je suis un passionné, par des élèves qui considéraient que les responsables de la révolution étaient des illuminati et des francs-maçons. Cela m'a valu des discussions extrêmement tendues avec certains d'entre eux. Lorsque je leur montrai la Déclaration des droits de l'Homme et le triangle contenant l'œil en son centre, on me renvoyait que c'était la preuve que les francs-maçons étaient à l'origine de la révolution. Cette confrontation et la nécessité de trouver les mots pour convaincre font partie du travail de l'enseignant.

Ne pas travailler sur la base d'outils rigoureux est bien le sujet. Les contestations au sein de l'école sont la caisse de résonance des questions qui font débat à la télévision ou sur les réseaux sociaux. Ce n'est pas nécessairement la preuve d'un islamisme – qui existe, je ne le conteste pas – à proportion de ce que d'aucuns considèrent. Que je sache, un professeur sur deux ne se retrouve pas face à un islamiste ou un potentiel terroriste ! L'affirmer reviendrait à ne pas bien comprendre ce qui se passe dans la société, même s'il faut agir.

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