Merci pour la grande clarté de vos propos. Vous avez contribué à théoriser et à forger le concept de tenaille identitaire, c'est-à-dire, d'un côté, une extrême droite populiste qui a opéré une mue en trompe-l'œil depuis quelques années en faisant croire qu'elle défendrait la laïcité, ce beau principe républicain, qui devient, dans la réalité, chez elle, un outil xénophobe et de rejet d'une religion en particulier et de promotion d'une autre. Il ne s'agit pas ici de laïcité, il convient de sans cesse le rappeler. De l'autre côté de la tenaille identitaire, on trouve ceux qui exacerbent la question de l'identité religieuse, la mélangeant constamment à l'origine, la culture, la couleur de peau et l'ethnie en relégitimant, parfois implicitement ou involontairement, voire parfois très explicitement, la notion de race. Ils assignent les personnes à des identités restrictives, les enferment dans des cases toutes faites – vous l'avez d'ailleurs rappelé.
En 2018, vous préconisiez dans votre rapport sur la laïcité de conditionner le soutien de l'État, notamment le soutien financier, à l'engagement de respecter et de promouvoir les valeurs de la République. On retrouve, dans ce projet de loi, le contrat d'engagement républicain. Pensez-vous que les dispositions de ce texte dans leur ensemble, et plus spécifiquement le contrat d'engagement républicain pour les associations, sont susceptibles d'écarter les mâchoires de cette tenaille identitaire qui pollue la vie politique française, pensez‑vous qu'elles seront efficaces pour lutter contre leur volonté de détruire le modèle universaliste français et surtout pensez-vous que l'État s'en donne encore les moyens ?