Merci, monsieur le garde des sceaux, pour vos propos liminaires et pour votre grande détermination à lutter contre la haine en ligne.
Mes questions porteront en particulier sur l'article 18. Vous l'avez présenté comme une sorte d'hommage à la mémoire de Samuel Paty, assassiné par un terroriste dans des conditions terribles. Au cours des auditions que j'ai menées, de nombreuses associations ont évoqué d'autres situations auxquelles il pourrait permettre de répondre ; je pense notamment à ce que l'on appelle le doxing dans le jargon des réseaux sociaux, pratique qui vise à rechercher et à divulguer sur les réseaux sociaux des informations sur l'identité et la vie privée d'un individu dans le dessein de lui nuire. Cela touche beaucoup de jeunes lesbiennes, gay, bisexuels et trans (LGBT), mais aussi, de manière plus générale, de nombreuses jeunes filles : des informations les concernant sont diffusées dans une intention malveillante, ce qui a pour conséquence qu'elles ont du mal, ensuite, à retourner dans leur collège ou dans leur lycée.
Ces situations entrent-elles bien dans le champ de l'article et, dans cette hypothèse, seriez-vous ouvert à une extension de la circonstance aggravante au fait de viser des mineurs ? Le texte prévoit de protéger particulièrement les personnes exerçant une mission de service public, mais les mineurs sont très vulnérables face à de tels agissements.
Par ailleurs, vous avez parlé d'éléments d'identification « jetés en pâture » sur la toile : est-ce uniquement leur diffusion publique qui est visée ? Cela n'est pas précisé.
L'article 20 permet la comparution immédiate des pourvoyeurs de haine – lesquels ne sont nullement des journalistes –, mais ne vise que l'incitation et la provocation à la haine. Seriez-vous ouvert à ce que la disposition soit élargie aux injures – racistes, antisémites, plus largement à visée discriminatoire – et au négationnisme ?