Nous assistons à une très forte augmentation de l'instruction à domicile, qui n'est plus un phénomène marginal, comme il y a quelques années. On constate, de manière de plus en plus fréquente, une forme de rejet de l'école, du creuset républicain, au nom d'un communautarisme, d'un consumérisme, d'un entre soi, d'un individualisme qui nous inquiètent. Certes, les parents sont libres d'instruire leurs enfants à domicile, et cet article préserve cette liberté constitutionnelle. Mais, au-delà de ce qui est possible, il y a ce qui est souhaitable. Pour la société tout entière, il est souhaitable que les enfants aillent à l'école. Nous assumons, par cet article, notre volonté d'encadrer l'IEF et de convaincre les parents d'envoyer leurs enfants à l'école.
Je crois effectivement que l'école, c'est bon pour les enfants : je le dis au nom des droits de l'enfant, du droit à l'école, du « droit à une deuxième vie », pour reprendre l'expression d'Henri Pena-Ruiz. L'enfant a le droit de sortir du huis-clos familial et du seul regard de ses parents. Il a besoin d'être confronté à d'autres règles imposées par la vie en collectivité. À l'époque de Jules Ferry, déjà, certains considéraient que l'enfant appartient à la famille et se méfiaient de l'État, craignant l'endoctrinement laïc et républicain. Il faut le redire : l'enfant n'appartient à personne. Il faut entendre ces parents qui, avec la meilleure volonté du monde, décident de scolariser leurs enfants à domicile. L'école doit leur tendre la main et être toujours plus inclusive, plus bienveillante, plus ouverte : c'est le sens des amendements que je présenterai, dans l'intérêt de l'enfant.