Je ne partage pas l'avis de Charles de Courson. L'enfant n'est pas non plus la propriété des familles. Je veux bien qu'on compare dans l'histoire les visions plus ou moins progressistes des modèles d'éducation proposés par la famille et par l'État mais je ne suis pas certain que la comparaison soit favorable aux familles pour ce qui est de l'émancipation que l'on doit à tout citoyen en devenir, notamment par la critique. On ne peut pas résumer la question de l'État en évoquant l'État nazi ! Il y a des États différents et le régime auquel je me rattache est celui de la République qui donne à tous ses enfants les moyens de se qualifier et de s'émanciper pour exercer leurs droits de citoyens. Ce préalable vous montre que mes arguments diffèrent de ceux de mes collègues de droite et du centre à ce propos.
Notre collègue de La République en Marche a été assez amusant. Grosso modo, il explique qu'ils ont voulu cibler des enfants auxquels les familles délivrent une mauvaise éducation religieuse mais lui-même revendique le droit pour les parents de donner à leurs enfants une éducation fondée sur les principes d'une bonne religion. On voit bien le problème…
Selon le préfet de Seine-Saint-Denis, 900 enfants n'étaient pas scolarisés, en 2019. Ce n'est pas un chiffre délirant qui témoignerait d'une dérive intégriste dangereuse pour la République. En tout cas, les chiffres dont nous disposons ne vont pas dans ce sens.
Pour résumer, nous sommes d'accord pour mettre fin à l'instruction en famille mais cette décision ne peut être prise dans un cadre uniquement coercitif. Il faudrait par exemple que chaque famille ait une école publique dans sa commune ou à moins de trente minutes. Malheureusement, notre amendement l'imposant a été jugé irrecevable alors que de nombreuses communes n'ont pas d'école publique. La question n'est pas tant celle de la présence d'une école mais de sa nature. Nous avons présenté des amendements au sujet des écoles hors contrat et du régime d'autorisation. Ils ont été refusés. Donnons plutôt aux parents l'envie d'envoyer leurs enfants à l'école, qui est d'abord l'école publique, plutôt que de les contraindre par des mesures coercitives pour donner une certaine image idéologique à cette loi.