Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du vendredi 22 janvier 2021 à 9h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Jean-Michel Blanquer, ministre :

Nous pouvons être précis sur les chiffres. En novembre 2020, on comptait 16 392 enfants âgés de 3 à 6 ans instruits en famille. Les enfants concernés par l'abaissement à 3 ans de l'instruction obligatoire ne constituent pas la majorité des enfants instruits en famille ! D'autres phénomènes, qui remontent à une dizaine d'années et que l'on retrouve dans d'autres pays, expliquent cette progression. Ils devraient, à ce titre, retenir toute votre attention.

Mais vous préférez user d'arguments fallacieux – le terme est juste – et recréer artificiellement un débat qui se révèle contre-productif. Il ne sert à rien d'aller réveiller de fausses oppositions, alors que nous avons réussi à instaurer la paix scolaire en France.

Depuis quelques années, nous œuvrons, sur le plan législatif, à distinguer dans l'enseignement ce qui est conforme aux principes de la République et ce qui ne l'est pas. L'enseignement privé sous contrat, doté de droits et de devoirs, et qui a montré sa capacité à mieux intégrer le système scolaire, s'en trouve renforcé. Loin de remettre en question la liberté d'enseignement et la liberté des familles, nous cherchons à définir ce qui va, et ce qui ne va pas, en matière d'instruction. Cela contribue à consolider les systèmes qui fonctionnent et à mieux lutter contre ceux qui dysfonctionnent. Dire le contraire et caricaturer notre position est contre-productif.

Bien des positions sur ce texte ne s'expliquent que par une opposition au Gouvernement. On est pour l'école publique, mais on n'aime pas le Gouvernement ; on veut lutter contre l'islamisme radical, mais on ne veut pas aller dans le sens du Gouvernement. Ne perdez pas de vue les objectifs qui nous sont communs, ne faites pas semblant de ne pas voir les problèmes, tout à fait réels, que nous essayons de régler. Vous manquez votre coup en nous interrogeant sur les motifs cachés, en nous accusant de vouloir porter atteinte à la liberté d'enseignement. Si vous voulez être cohérente avec l'objectif de lutte contre le fanatisme et la radicalisation et soutenir la définition d'une liberté d'enseignement conforme aux valeurs de la République, utilisez d'autres arguments !

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