Intervention de élisabeth Borne

Réunion du mardi 16 février 2021 à 17h15
Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

élisabeth Borne, ministre :

Pour lutter contre les inégalités professionnelles, il nous faut porter notre attention sur les deux bouts de la chaîne : à la fois sur la sous‑représentation des femmes dans les fonctions dirigeantes des entreprises et sur leur surreprésentation dans les emplois précaires et mal rémunérés.

L'idée n'est bien sûr pas d'orienter un peu plus d'hommes vers les emplois dont on constate qu'ils sont précaires, mais bien de travailler à réduire la précarité de ces emplois, au bénéfice de tous les salariés. C´est le sens de la mission qui a été confiée à Jean François Mbaye et à Xavier Iacovelli sur les contrats courts, ainsi que du chantier que nous avons ouvert avec les partenaires sociaux sur les travailleurs de la deuxième ligne. Nous n'avons pas été suffisamment attentifs à ces métiers, dont les conditions d'exercice ont été mises en lumière par la crise. Il faut faire progresser la qualité de ces emplois, au bénéfice des femmes et de tous les salariés. C'est un enjeu important. Il y a quelques décennies, l'emploi de la femme fournissait un salaire d'appoint à celui du chef de famille. Aujourd'hui, beaucoup de femmes élèvent seules leurs enfants mais continuent à se retrouver enfermées dans des emplois précaires.

S'agissant des instances dirigeantes, Bruno Le Maire et moi disons la même chose. Des obligations, des objectifs contraignants sont nécessaires pour que les entreprises progressent sur ces sujets, mais il faut trouver la bonne façon de les mettre en pratique. Dans un conseil d´administration régulièrement renouvelé et composé de personnalités extérieures, il est envisageable d'imposer du jour au lendemain un quota. Les cadres dirigeants de l'entreprise, eux, sont peu renouvelés. On pourrait donc s'inspirer de la loi du 12 mars 2012, la loi Sauvadet, qui impose des objectifs de représentation équilibrée des femmes dans les primo-nominations de la fonction publique.

Gaël Le Bohec a raison : la fonction publique doit être exemplaire. L´État doit s´imposer à lui-même ce qu'il impose aux entreprises. La loi Sauvadet, vieille de neuf ans, a fait progresser la féminisation dans les fonctions supérieures de l´administration, mais sans vraiment s'emballer : le taux de femmes dans les primo-nominations est passé de 32 % en 2013 à 37 % en 2018, sur un objectif de 40 %. Nous devons en tirer les leçons pour définir les bons leviers sur cet enjeu majeur.

S´agissant des médias, je suis en dehors de mon champ, mais je pense qu'il est intéressant d'adopter une approche spécifique pour certains secteurs à l'organisation particulière. Cette approche pourra être réalisée au niveau des branches. L'enjeu est d'intégrer des sous-indicateurs adaptés, mais en gardant ce qui fait la force de l´index de l´égalité : le fait que toutes les entreprises soient jugées sur des critères identiques. Il faut par ailleurs s'assurer que les indicateurs soient facilement calculables par les entreprises, afin de ne pas leur imposer une charge administrative trop lourde : elles ont aujourd´hui suffisamment de sujets de préoccupation !

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