Les stéréotypes de genre sont extrêmement puissants et contribuent au déséquilibre de la représentation des femmes et des hommes dans beaucoup de métiers. C'est regrettable car la qualité de vie au travail et l'efficacité du collectif de travail reposent sur la diversité. J'en suis profondément convaincue. La lutte contre ces stéréotypes passe notamment par l´orientation, qui mobilise non seulement le ministère de l'éducation nationale et celui de l'enseignement supérieur, mais aussi les régions qui ont désormais des responsabilités dans ce domaine. Il faut cesser d'orienter les jeunes en fonction de leur genre : vous êtes une femme, vous êtes pharmacienne ; vous êtes un homme, vous êtes ingénieur. Dans ce domaine, la France n'a pas progressé depuis dix ans. C'est, pour moi, un mystère. On touche parfois encore à la caricature ! Il y a tout un travail culturel à faire pour sortir des stéréotypes. J´avais visité, dans le cadre de mes fonctions de préfète de région, un centre aéré dans lequel les encadrants semblaient trouver tout naturel que les petits garçons jouent avec des voitures et les filles avec des poupées – et donc, accessoirement, qu'ils ne jouent pas du tout ensemble. Cela rend la suite plus compliquée !
Sur la progression des carrières dans la fonction publique, je pense que les concours permettent d´effacer les inégalités de genre pourvu que les femmes soient bien armées pour reprendre leur vie professionnelle après leur congé maternité, comme cela devrait être le cas en entreprise. Je suis convaincue que la fonction publique doit être exemplaire si on veut demander aux entreprises d´agir. Il faut se saisir de cette question.