Monsieur le ministre, votre audition intervient à la suite de celle du ministre de l'agriculture et de l'alimentation, intervenue le 15 janvier, et de celle, le 21 janvier, de nos collègues de la délégation aux droits des femmes du Sénat, auteurs du remarquable rapport Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches de l'égalité. Merci d'avoir bien voulu répondre à notre invitation.
Cette réunion nous donnera l'occasion de connaître votre point de vue général sur la situation des femmes en milieu rural, aux différents âges de la vie, ainsi que sur le constat dressé par les sénateurs. Vous pourrez également nous éclairer sur les avancées qui se sont concrétisées ou qui pourraient satisfaire leurs recommandations à moyen terme.
Cependant, avant de vous entendre, permettez-moi d'attirer votre attention sur certains points auxquels notre délégation a accordé un intérêt particulier.
Sur le plan économique et social, nous avons relevé, lors de l'audition de nos collègues, combien les inégalités femmes-hommes pouvaient être marquées en milieu rural. Les biais de genre sont très présents, peut‑être plus qu'en milieu urbain, dans les choix de formation et l'accès à l'emploi. Mme Karine Lebon et moi-même avons commis un rapport sur les stéréotypes de genre, insistant sur la nécessité de les combattre dès le plus jeune âge. Pourriez-vous nous dire quelles sont les mesures que le Gouvernement soutient pour en affranchir les jeunes filles et les femmes, plus spécifiquement en milieu rural ? Comment mieux équilibrer les choix de carrière ? Comment les conduire davantage vers l'entrepreneuriat ? Surtout, quels dispositifs ont-ils été développés afin de permettre aux femmes de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle ?
Les sénateurs ont relevé le point fondamental que constitue la mobilité, avec des difficultés accrues pour obtenir le permis de conduire et l'isolement des personnes âgées. Comment faire face à ces défis essentiels ?
Dans le même ordre d'idée, nous sommes particulièrement préoccupés par les difficultés majeures rencontrées dans certains territoires pour accéder aux services publics et particulièrement à la santé. Nous avons échangé à ce propos avec le ministre de la santé et des solidarités mardi dernier, d'autant que la conjonction des problèmes de désertification médicale et de mobilité conduit à des inégalités extrêmement marquées, dont les jeunes filles et les femmes sont les principales victimes, et ce, tout au long de la vie.
Nos collègues ont d'ailleurs avancé plusieurs solutions portant sur l'encouragement à la démographie médicale, ou encore sur le développement de consultations à distance, de transports ponctuels vers des centres de santé ainsi que sur le soutien aux services de santé itinérants. Quel appui le Gouvernement peut-il apporter sur ces sujets ?
S'agissant de la séniorité, pourriez-vous nous indiquer la part des femmes séniores en milieu rural, et nous présenter des données sur leur situation socio-économique, et notamment sur la part d'entre elles vivant isolées ? Il s'agit souvent de veuves, qui ont pris soin de leur conjoint, et qui se trouvent ensuite seules et démunies. Quelles mesures spécifiques ont-elles été mises en place, avec les collectivités ainsi que les organismes de sécurité sociale, pour veiller sur elles et les accompagner dans leur quotidien ?
Nos collègues sénatrices et sénateurs se sont étonnés de l'absence de prise en compte de l'égalité femmes-hommes dans l'agenda rural. Nous partageons leur souci, s'agissant notamment de la prise en compte de la question des violences faites aux femmes, qui mérite un traitement spécifique en milieu rural. Ce sujet nous tient à cœur. Chacun sait que ces violences sont bien souvent plus difficiles à détecter et que l'isolement complique le traitement et l'accompagnement des victimes.
Vous avez, semble-t-il, entendu leurs demandes et pris des mesures spécifiques, se traduisant notamment par un soutien accru aux associations agissant dans ce domaine. Pourriez-vous décrire ces mesures et préciser les conditions d'allocation de ces soutiens ?
Dernier point : alors que notre collègue Stéphane Viry travaille sur les questions liées à la parité en politique, comment, selon vous, favoriser l'engagement politique des femmes, notamment en milieu rural ? Faut-il par exemple améliorer le statut des élus en milieu rural ?