Avant que vous nous posiez des questions, je vous invite à retenir quelques points.
Premièrement, comme l'a dit Jérôme Gatier, il n'y aura pas de démarche réussie sans une implication forte de ce qu'il a appelé « les patrons », c'est-à-dire en clair les élus, s'agissant de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas une affaire de techniciens. Si vous ne montrez pas le chemin, si vous ne montrez pas la volonté que vous portez et que vous faites partager, il ne se passera pas grand-chose.
Deuxièmement, il faut procéder à l'ajustement des comportements et préciser la maintenance en amont des travaux. Nous pensons qu'il est nécessaire de s'engager dans cette voie. J'évoquerai d'un mot un concours dont vous avez peut-être entendu parler, le concours CUBE 2020, qui a récompensé l'invention de l'économie d'énergie par émulation entre détenteurs de bâtiments sans dépenser d'argent. C'est une approche ludique du sujet. Les grands acteurs publics, parapublics se sont impliqués et on va en lancer un avec eux dans le domaine éducatif.
Troisièmement, il me paraît nécessaire d'entrer dans une communauté d'acteurs qui, avec des bâtis différents, portent les mêmes sujets pour pouvoir se nourrir, s'inspirer de l'expérience des autres, que ce soit sur l'organisation contractuelle qui vient d'être évoquée – les universités, par exemple, ont beaucoup à nous apprendre en ce moment avec l' intracting qu'elles ont mis en place – ,sur la façon de se fixer des objectifs réalistes et de les atteindre étape par étape, ou encore sur la façon d'appréhender un patrimoine : est-ce que l'on traite tout un peu, ou est-ce que l'on en traite intensément une partie ? Les techniques existent, et on commence à avoir de l'expérience, que l'accès à la charte permet de saisir.
Enfin, la transformation de vos locaux d'exercice en bâtiments durables – au sens énergétique et carbone du terme – est un chemin qui ne peut pas s'écarter de la responsabilité sociale de l'entité que vous constituez. En d'autres termes, vous ne pouvez pas décrocher le sujet bâtimentaire d'une préoccupation d'ensemble.
Il est tout à fait clair que si l'Assemblée prenait la décision, comme le font certaines entreprises, de basculer vers le « zéro papier » – ce qui peut sembler invraisemblable pour une maison qui en manie à grand rythme – cette décision serait directement en prise avec la gestion de l'espace ; en effet les espaces d'archives et les espaces de manutention s'en trouveraient réduits. Donc, il y a une interaction entre cette préoccupation, le papier, et l'utilisation des bâtiments.
Je voudrais vous citer un exemple, qui est pour moi une source d'optimisme : la sécurité sociale belge est passée au « zéro papier », au « Flex Office ». Je ne connais pas cette population, mais on peut penser que naturellement, elle n'y était pas portée. Or elle a su, grâce à un accompagnement de la conduite du changement très intense, basculer dans ce que l'on pourrait appeler un nouveau monde : sans bureau fixe, mais avec une tablette numérique d'excellente qualité, et sans plus avoir à contrôler des liasses de papiers. Cela signifie qu'un corps, que je n'imaginais pas être le plus novateur de la terre, peut faire des bonds en avant considérables. Cela change la vie des gens et ouvre la voie au télétravail. On comprend que la gestion de l'espace, le numérique et l'organisation de la vie professionnelle des gens sont ainsi concernés. Cet exemple est peut-être une bonne nouvelle : on peut y arriver.