Intervention de Philippe Pelletier

Réunion du jeudi 19 avril 2018 à 14h05
Groupe de travail sur le développement durable dans la gestion et le fonctionnement de l'assemblée nationale

Philippe Pelletier, directeur du plan « Bâtiment durable » :

Nous vous répondrons en deux temps. Je laisserai Jérôme Gatier vous parler des outils. Pour ma part, je vous ferai part de ce que l'on a observé – une sorte de fil rouge – lorsqu'un bâtiment faisait l'objet d'une rénovation énergétique.

À chaque fois, c'est un homme ou une femme – et non pas l'institution – qui entraîne le mouvement.

Je vous donnerai l'exemple de la prise de décisions en copropriété, que nous avons étudié avec l'aide d'un sociologue. Il est évidemment nécessaire que le syndic soit suffisamment formé pour comprendre les sujets qu'il met à l'ordre du jour ; s'il ne peut pas les porter, il y aura peu d'espoir que l'assemblée des copropriétaires les vote. Le conseil syndical ne doit pas s'opposer au projet, sinon ce sera compliqué. Mais ces deux éléments sont insuffisants : sur une trentaine de copropriétés qui ont été étudiées, la décision a été prise parce qu'il y avait chez les copropriétaires, c'est-à-dire quelqu'un qui n'avait pas de poste de responsabilité propre, un copropriétaire qui avait compris l'intérêt du sujet et qui avait entraîné le mouvement.

Je vous donnerai un autre exemple, celui de l'université de Nanterre. Son président, un professeur de philosophie passionné de ce sujet, et sans doute mû par des ressorts qui ne sont pas ceux d'un gestionnaire d'immeuble, a su entraîner la communauté éducative et, au-delà, la ville de Nanterre, à qui il a demandé de revoir le réseau de chaleur, de façon que de l'énergie renouvelable contribue à la production de chaleur.

Il faut donc identifier, dans la communauté concernée, le ou les quelques personnes susceptibles d'entraîner le reste de la communauté – c'est facile à l'Assemblée nationale, dans la mesure où certains d'entre vous, qui appartiennent à la commission du développement durable, sont particulièrement sensibles au sujet et capables de le porter. C'est la première idée à prendre en compte, pour pouvoir aboutir.

La seconde idée, c'est que le rythme auquel les transformations peuvent se faire varie grandement d'un organisme et d'une organisation à l'autre. Avec une organisation en silos, très verticale, il est compliqué de créer des synergies entre les différentes équipes pour qu'elles puissent ajuster leurs comportements. Il faut donc inventer des organisations horizontales qui permettent aux divers spécialistes de voir ensemble comment utiliser l'expérience et les connaissances de chacun, pour fixer au groupe des objectifs et un rythme qui permettra d'atteindre ces objectifs. Le rythme est variable suivant le corps social concerné. Il y a des organismes qui peuvent aller vite, et d'autres qui ont besoin de temps. Je ne saurais pas vous dire ce qu'il en sera pour cette grande maison.

Voilà deux observations sur la prise de décision et l'enclenchement du sujet. Il y a sûrement d'autres observations à faire sur les outils.

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