Intervention de Jérôme Gatier

Réunion du jeudi 19 avril 2018 à 14h05
Groupe de travail sur le développement durable dans la gestion et le fonctionnement de l'assemblée nationale

Jérôme Gatier, directeur du plan « Bâtiment durable » :

Le sujet est redoutable. Vous avez parlé d'équipements tertiaires. C'est vrai qu'en matière de consommations électriques mobilières, les pouvoirs publics sont très prudents, y compris quand on parle de ce qui se trouve dans le logement des personnes : cela touche au mode de vie et à la liberté individuelle.

Au départ, les réglementations sur le bâtiment portaient sur l'aspect purement « bâtimentaire » – pas seulement les parois du bâtiment, mais aussi le chauffage, l'eau chaude, la ventilation, le refroidissement, tous les auxiliaires et l'éclairage. Cela étant dit, peut-être sous l'impulsion des gens qui travaillent avec nous dans le cadre du plan « Bâtiment durable », on a passé un cap : on essaie désormais de prendre en compte l'ensemble des consommations. S'il y a une obligation d'amélioration dans les immeubles tertiaires, on précise aux intéressés qu'ils doivent faire baisser de tel pourcentage leur consommation, mais qu'ils peuvent jouer sur tous les usages. Cela a d'ailleurs fortement mécontenté ceux qui remplacent tous les panneaux papier par des panneaux numériques : ils ont compris qu'ils devaient carrément changer de direction, et que les objectifs seraient très difficiles à atteindre. Ainsi, ce mouvement existe déjà.

J'en viens à la chaleur qui se dégage, par exemple, des serveurs. La récupération et la réutilisation intelligente, en l'occurrence des chaleurs fatales et des chaleurs perdues, constituent une véritable opportunité. S'ouvre devant nous un champ d'innovation, à la fois technique, d'organisation et de fonctionnement. Il faut arrêter d'envoyer ces chaleurs n'importe où.

Nous allons essayer de travailler avec des gens qui sont plus compétents que nous dans ce domaine, car vous avez compris que nous ne nous positionnons pas en experts qui suggèrent : nous nous contentons d'orchestrer – même si, à force d'écouter les uns et les autres, nous finissons par acquérir une certaine connaissance. Mais le grand sujet de l'année sera l'implication de tout le monde dans l'économie circulaire – une approche nouvelle, issue du développement durable, d'ailleurs mal connue et mal comprise, qui consiste à étudier les impacts sur l'ensemble du cycle de vie de tout ce que l'on utilise et, pour simplifier, de déconnecter l'activité sociale, économique, et la prospérité que l'on veut continuer à développer dans notre pays, de la consommation des ressources.

C'est compliqué parce qu'il faut arbitrer entre performance énergétique, performance environnementale, carbone et autre. Fait-on des progrès en performance énergétique en rajoutant de nouveaux équipements qui vont consommer des ressources pour leur fabrication ? Jusqu'où peut-on aller sans mettre à mal l'équilibre de la démarche ? Il est sûr que si vous faites fonctionner tous vos équipements techniques actuels comme ils sont supposés fonctionner dans leur meilleure performance, vous limitez déjà les impacts environnementaux et énergétiques.

Si vous aménagez un nouveau bâtiment, il est possible de fixer des clauses de performance énergétique, environnementale, des exigences sur le réemploi des matériaux qui seront déconstruits au début du chantier, et d'intégrer des clauses d'économie circulaire dans le projet. Cela suppose des compétences supplémentaires, pour vous-mêmes et pour le prestataire, pour les gens qui vont juger les offres. Mais c'est vraiment quelque chose de novateur. On peut rêver ensemble : si les grandes institutions publiques montrent l'exemple, cela fera avancer la cause dans l'esprit de tout le monde.

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