Afin de mieux préciser le contexte, le groupe le Monde a construit sa croissance sur le développement de ses activités numériques, de manière assez autonome et depuis plusieurs années, grâce à l'abonnement numérique. Si les GAFA ont gagné une partie importante du marché publicitaire, ils représentent à nos yeux un moteur de croissance de notre activité numérique.
La construction de nos rapports avec les GAFA passe par la préservation de notre indépendance et la protection des données de nos utilisateurs. Pour autant, nous souhaitons conserver la capacité à accélérer notre développement.
Parmi ces GAFA, je pense particulièrement à Facebook et à Google, avec qui nous avons établi des partenariats à long terme depuis déjà plusieurs années. Ils ont permis à notre portefeuille d'abonnés numériques d'atteindre des niveaux particulièrement élevés. À titre d'exemple, Le Monde enregistre aujourd'hui 400 000 abonnés numériques, un nombre à comparer aux 300 000 abonnés à L'Équipe et aux 200 000 au Figaro.
L'abonnement numérique du Monde nous permet de réaliser un chiffre d'affaires de l'ordre de 50 millions d'euros, qui finance entièrement la rédaction du journal, print et numérique.
Notre croissance numérique nous apporte donc cette indépendance éditoriale.
S'agissant des droits voisins, nous avons suivi l'état des discussions entre l'APIG et les plateformes il y a un plus d'un an et constaté leur impasse. Les montants exigés par l'APIG se sont révélés sensiblement plus élevés de ceux proposés par Google, sans possibilité d'évolution de la discussion. Nous avons considéré qu'il était de notre responsabilité d'essayer de relancer les discussions, en privilégiant les échanges directs avec Google et Facebook.
La même démarche a été empruntée par L'Obs. Nous avons abouti, dans les deux cas, à des accords, l'un avec Google, l'autre avec Facebook. Ces accords incluent la rémunération de droits voisins.
Lorsque j'entends d'autres intervenants déclarer qu'aucun accord n'a été signé ou qu'aucune rémunération n'a été versée, je me dois de corriger cette assertion en précisant que des accords ont bien été signés, en tout cas dans le périmètre de mon groupe, et sur une base suffisamment équilibrée.
Pour autant, nous sommes restés vigilants, s'agissant notamment de notre indépendance absolue sur les contenus diffusés, sur la préservation de nos données et sur la capacité à signer de nouveaux accords avec d'autres plateformes ou à s'impliquer directement dans d'autres projets.
Le groupe Le Monde a cherché à débloquer la négociation, figée depuis très longtemps, compte tenu de notre statut un peu particulier dans le paysage de la presse française. Le souhait a été de trouver un accord permettant d'accélérer notre développement sans obérer notre indépendance ou la préservation de nos données.