Intervention de Pierre Bentata

Réunion du mercredi 13 octobre 2021 à 14h30
Mission d'information sur l'application du droit voisin au bénéfice des agences, éditeurs et professionnels du secteur de la presse

Pierre Bentata, maître de conférences à l'université Aix-Marseille :

Ce n'est pas une certitude, mais un risque, car nous changeons les modes de rémunération. Nous transformons les incitations des éditeurs de presse. Si votre rémunération dépend de votre capacité à générer du bruit sur Google, ou de votre attractivité sur Google en fonction des habitudes des utilisateurs, soit vous faites une très grande confiance aux utilisateurs en espérant qu'ils aient un comportement vertueux, soit vous allez les chercher vous-mêmes en sachant que ce qui est le plus cliqué, ce sont des contenus potentiellement choquants. Vous avez tout intérêt dans vos titres ou vos courts extraits à faire du choc et non pas de l'information, parce que vous savez que c'est de cette manière que l'on cliquera le plus. Si vos rémunérations sont assises sur ces incitations, vous gagnerez forcément plus d'argent en vous inscrivant dans ce système.

Je comprends très bien la position de certains éditeurs de presse. Il y a évidemment une recherche d'information, mais il me semble qu'ils prennent un risque important en ne ciblant pas le cœur du problème. Quand vous regardez la dégradation des revenus publicitaires de la presse depuis les années 2000, cette dégradation vient du développement d'Internet. Leur capacité à tirer profit de ce nouveau système est importante.

Je comprends que l'on aille chercher celui qui a les poches remplies en se disant qu'il est celui qui nous fera survivre, mais selon moi, le vrai risque est d'être inféodé au système Google. En essayant de lutter contre et de récupérer de l'argent chez Google, on risque de se soumettre à la stratégie d'une plateforme. Or cela me semble très dangereux si le but de la presse n'est pas uniquement de générer des clics.

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