Intervention de Mathilde Panot

Réunion du mardi 15 septembre 2020 à 17h25
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Madame la ministre, qui a dit : « ce que je redoute le plus, c'est de prendre des décisions qui seraient très jolies sur le papier, mais qui ne seraient pas applicables et cela, ce n'est pas possible ; ce serait vraiment mentir à la population ; ce serait se payer de mots et ce ne serait pas responsable » ?

Qui a dit également : « vous vous apprêtez à voter un texte dont nous mesurerons l'importance que dans quelques années » ? Oui, c'est vous !

En 2016, en tant que secrétaire d'État à la biodiversité, vous meniez la bataille pour interdire les pesticides tueurs d'abeilles. Vous arrachiez de haute lutte le vote de cette loi à deux voix près dans l'hémicycle de l'Assemblée. Puis, en 2020, vous devenez ministre. Sur les bons conseils de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), vous faites machine arrière et autorisez les dérogations à votre propre texte, non seulement pour la culture de la betterave, mais pour toutes les cultures sur tout le territoire.

Pour camoufler ce cadeau fait aux lobbies, vous nous inventez des garanties dérisoires qui confinent au mensonge. La récolte se fera avant floraison, la dérogation ne sera octroyée que si l'hiver est doux… Peu importent les recherches qui démontrent les effets néfastes avérés sur notre santé, la biodiversité, la qualité des sols et des eaux, arguments que vous connaissez déjà pour les avoir défendus il y a quatre ans. Peu importent l'opposition des apiculteurs, des associations écologistes, de la confédération paysanne ou la mobilisation citoyenne. On s'étonne de ce revirement.

En 2018 déjà, lors de l'examen du projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (Egalim), vous votiez en première et en seconde lecture contre notre amendement d'interdiction du glyphosate et contre celui tendant à interdire les néonicotinoïdes.

Aujourd'hui, vous signez l'appel des coquelicots pour l'interdiction des pesticides, mais vous défendrez la semaine prochaine le texte qui autorise les néonicotinoïdes. On peine à comprendre ! Je me demande ce que la ministre dirait à la secrétaire d'État Pompili de 2016.

Ma question est donc la suivante. Vous qui êtes tant attachée à la biodiversité, les couleuvres que vous avez avalées depuis 2016 sont-elles de la famille des colubridae ou plutôt des boidae ?

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