Celles et ceux qui demandaient un moratoire sur la 5G se sont récemment vus qualifiés par le Président de la République d'Amish ou de partisans de la lampe à huile.
Il n'y a pas de posture plus obscurantiste que celle consistant à nier la science. Or l'on dispose, s'agissant des néonicotinoïdes, de 1 220 études scientifiques menées depuis vingt ans : elles montrent et démontrent leurs effets hautement toxiques sur les insectes pollinisateurs, la biodiversité, la qualité des sols et des eaux ainsi que sur la santé humaine.
Hier, près de soixante chercheurs internationaux de vingt-quatre pays et de quatre continents différents ont, dans Libération, qualifié le projet de loi de grave erreur tout en rappelant qu'ils avaient été, il y a deux ans, invités à l'Assemblée nationale pour saluer l'application de la loi de 2016.
Depuis l'autorisation des néonicotinoïdes dans les années 1990, la production de miel a été, en France, divisée par trois. En 2017, une étude a révélé qu'en Europe, 80 % de la biomasse des insectes avait disparu en moins de trente ans, ses auteurs estimant que les pratiques agro-industrielles étaient la première cause de ce déclin.
En quelques années, au sein de l'Union européenne, les colonies d'abeilles ont été décimées, à hauteur de 37 %. Pire, et autre déni scientifique, de nombreuses études ont démontré qu'une résistance aux néonicotinoïdes était apparue et que leur utilisation représentait une impasse technique.
Des recherches menées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) mettent en lumière l'apparition de telles résistances. On estimait en 2008 que plus 550 espèces d'insectes étaient devenues résistantes à un ou plusieurs insecticides.
Or des alternatives existent. Puisque nous connaissons les dégâts occasionnés par les néonicotinoïdes, nous ne pouvons accepter une dérogation qui constituerait une régression alors que la France avait en la matière pris une décision exemplaire saluée comme telle dans le monde entier.