Intervention de Mathilde Panot

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 21h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Il y a une semaine, lors de l'examen du projet de loi d'accélération et de simplification de l'action publique (ASAP), alors que nous évoquions le service public forestier, vous avez employé exactement le même procédé rhétorique. Vous contestiez le fait que nous étions du côté des forestiers et que vous poursuiviez d'autres objectifs. Vous êtes bel et bien en train d'autoriser des dérogations à l'interdiction des néonicotinoïdes, dont on connaît scientifiquement les effets néfastes sur la biodiversité, les sols, les eaux, la santé humaine. Par cette rhétorique, vous tuez le débat politique, car vous n'assumez pas vos actes. C'est faire preuve de courage que d'exprimer son opposition, en confrontant ses arguments : c'est cela, le débat parlementaire.

Toutes les organisations non gouvernementales (ONG) environnementales, les apiculteurs, la Confédération paysanne, la Fédération nationale d'agriculture biologique des régions de France (FNAB) sont opposés au projet de loi. Nous ne contestons pas les difficultés économiques de la filière, mais celles-ci ne sont pas liées à l'interdiction des néonicotinoïdes. Le courage consiste à s'interroger sur ses choix, à se demander si on continue à promouvoir un modèle destructeur ou si on change de politique. En 2017, M. le Président de la République Emmanuel Macron écrivait dans un tweet que d'ici à trois ans, on n'utiliserait plus le glyphosate : on sait ce qu'il en est aujourd'hui. Vous nous dites, à nouveau, qu'on a besoin de temps, mais c'est dès maintenant qu'il faut accompagner les agriculteurs, leur octroyer des fonds, les former et faire en sorte qu'ils retrouvent leur dignité sans dépendre des pesticides et des insecticides. Il faut arrêter de développer un modèle qui se traduit par le suicide d'un paysan par jour. Mais peut-être contestez-vous ce chiffre, monsieur le ministre ?

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