Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 21h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Il me semble que vous caricaturez nos propos et faites semblant de ne pas les comprendre. Nous ne disons pas qu'il faut cesser d'exporter, mais que le problème de la filière de la betterave sucrière n'est pas un problème de souveraineté alimentaire et que si nous produisions moins de sucre, nos exportations diminueraient, mais notre souveraineté alimentaire nationale ne serait pas menacée.

Quant à l'analyse économique, nous avançons des chiffres et vous répondez qu'aucune prédiction n'est possible. En somme, ce projet de loi repose sur du vent. Nous ne disposons d'aucune prédiction, mais vous présentez un texte pour le cas où les choses se passeraient mal.

Or des chiffres, il en faut, pour éviter de caricaturer les propos. On nous assène – mot que vous avez vous-même employé – celui de 46 000 emplois. On dénombre – ce chiffre est incontestable – 26 000 agriculteurs plantant de la betterave. Notre collègue Mme Mathilde Panot a indiqué qu'ils sont plus ou moins concernés selon les régions. En l'espèce, pour une fois, la liberté du marché n'est plus votre credo ! J'en prends note et m'en félicite.

D'après les prévisions élaborées par les professionnels, seules quelques centaines des 26 000 agriculteurs seront concernées. Nous souhaitons qu'ils bénéficient d'un accompagnement, ce qui est tout à fait réaliste compte tenu des volumes concernés et des modalités envisageables. En avançant le chiffre de 20 000 emplois prétendument concernés, vous reprenez à votre compte celui du géant sucrier Tereos qui repose sur des extrapolations absolument fantasques : d'après l'évaluation dont nous disposons, entre 5 000 et 6 000 emplois sont concernés.

Ainsi, débattons de données cadrées, correctes, argumentées et documentées, pour déterminer comment aider concrètement les quelques centaines d'agriculteurs qui seront confrontés au problème au mois de mars prochain. Ils devront arbitrer – cela fait partie de leur métier d'agriculteur – entre plusieurs cultures pour leurs champs. Nous les accompagnerons si nécessaire, conformément au rôle que doit, à nos yeux, endosser la puissance publique : réorienter notre modèle agricole vers un modèle d'autonomie alimentaire et de relocalisation des productions.

Monsieur le ministre, si vous ne comprenez pas le modèle agricole que nous défendons depuis trois ans, c'est que nous n'avons pas été clairs ou que vous n'écoutez pas bien. Je suis tout à fait disposé à vous expliquer comment nous parviendrons à mener la transition que nous appelons de nos vœux, documentée par de nombreux agroéconomistes, par des économistes et par des agriculteurs. Cette affaire-là est tout à fait raisonnable, concrète et désirable, notamment pour les agriculteurs qu'il faut laisser exercer leur métier de façon intelligente afin qu'ils en tirent un revenu décent, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.

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