Je ne voudrais surtout pas donner l'impression d'une mauvaise polémique avec notre collègue M. Jean-Luc Fugit. Franchement, je ne suis pas venu pour allumer de mauvaises controverses.
J'estime simplement que l'invention de comités molécule par molécule ou famille de molécules par famille de molécules est d'un archaïsme complet, en plus d'être totalement démagogique et inefficace. Il ne se trouvera pas un scientifique pour lui accorder le moindre crédit.
Il s'agit d'un outil politique, qui permet de calmer le jeu. Lorsqu'un problème se pose, on crée un comité – en cas d'accident, on crée un comité d'accidentologie, et ainsi de suite. Ce n'est pas une bonne façon de faire. Les politiques publiques doivent être menées de façon globale, dans le temps et au bon niveau d'action. Ni le CNTE ni des comités par familles de molécules ne constituent une solution. La solution, de toute évidence, consiste à réactiver un mode de pilotage inventé en 2008 et qui est en panne.
Je pose la question de l'efficacité de la gouvernance et de l'usage des moyens publics. Aucun agriculteur dont la ferme se consacre à la polyculture-élevage ne conçoit de dépendre de cinq comités pour mener à bien son exploitation. C'est bien à l'échelle de la globalité d'exploitation, et plus généralement de la globalité de la ferme France au sein du dessein européen qu'il faut penser, au moyen du plan Ecophyto 2018, dont la panne est à l'origine des crises que nous connaissons et qui nous enferment dans des impasses.
Par-delà le débat de ce soir, je plaide en faveur de la réactivation d'une politique publique démocratique, transparente, claire, forte et puissamment armée, inscrite dans une visée européenne. C'est la seule issue ; à défaut, nous nous trouverons dans une impasse tous les deux ans.