Intervention de Valérie Beauvais

Réunion du mercredi 21 octobre 2020 à 14h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Beauvais :

Les programmes 203 et 217 sont en hausse par rapport au précédent budget, notamment sur le volet « Infrastructures et services de transports ». Avec mes collègues Les Républicains, nous avons pleinement conscience des enjeux liés à l'écologie et aux mobilités. Nous considérons qu'il est possible de concilier les choix de mobilité de chacun si les conditions d'une réelle transition écologique de la mobilité sont mises en œuvre.

Pour mémoire, je rappelle que le choix de ce gouvernement d'augmenter les taxes sur les carburants fut à l'origine d'un mouvement social sans précédent, car si des solutions alternatives à la voiture existent dans les métropoles et les grandes villes, il n'en est pas de même en zone rurale et dans les villes moyennes, où prendre sa voiture est une nécessité. Pourtant, cette année encore, ce gouvernement avait annoncé une nouvelle augmentation des taxes sur les carburants, pour finir par y renoncer, mais jusqu'à quand ?

Aussi nous interrogeons‑nous sur le choix de considérer les mobilités électriques comme l'alpha et l'oméga de la mobilité de demain. Certes, ces véhicules ne rejettent pas de CO2. Pour autant, et vous le savez bien, ces voitures ne sont pas bonnes pour la planète. Pour fabriquer une batterie, il faut des métaux lourds et rares – plusieurs kilos de lithium et de nickel, produisant des montagnes de résidus déversés dans la mer, et des milliers de tonnes de cobalt extraites au Congo par des enfants qui creusent à mains nues dans les mines. Ces batteries, acheminées depuis le bout du monde, doivent être rechargées fréquemment, leur seul poids constituant une limite à leur autonomie et, donc, à leur sobriété énergétique – d'ailleurs, le bonus-malus au poids pénalise ces voitures électriques. De surcroît, on ne sait toujours pas les recycler.

À cela, vient s'ajouter comme une autre de vos contradictions la mise en œuvre d'une politique de fermeture des centrales nucléaires. Comment permettre l'accès aux véhicules pour tous dès lors que la ressource énergétique pour les recharger ne sera pas suffisante, sinon en important de l'électricité produite par des centrales à charbon ? C'est ainsi que, dans le Grand Est, la création d'un écoquartier conduit à une situation inédite : les logements seront bien passifs, mais s'agissant des places de stationnement pour véhicules électriques qui y seront attachées, la charge électrique à fournir sera telle qu'Enedis a indiqué aux promoteurs qu'il ne serait pas en capacité de répondre à la fourniture totale d'énergie. Demain, nous serons donc confrontés au choix suivant : chauffer nos logements ou recharger nos véhicules électriques.

La mobilité de demain ne peut pas se réduire au tout-électrique. D'autres solutions existent, telles que l'hydrogène ou les biocarburants, et la liste n'est pas exhaustive. Ne reproduisons pas les erreurs du passé, qui ont consisté pendant des dizaines d'années à promouvoir l'acquisition de véhicules diesel pour aujourd'hui faire marche arrière. Ne misons pas tout sur la mobilité électrique, mais déployons des moyens pour composer un mix qui permettra à chacun de disposer de moyens de locomotion adaptés à sa situation familiale, géographique, mais surtout financière.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.