Lorsque le concept de développement durable a émergé au tout début des années 1990, il était ainsi défini : répondre aux besoins des populations d'aujourd'hui sans empêcher les générations futures de répondre aux leurs. On a donné mille fois l'exemple des éoliennes en tant que moyen de produire de l'énergie maintenant sans créer de problème pour les générations futures. À la lecture de cette proposition de loi, je me dis que les auteurs de la définition auraient dû préciser que c'était pour autant que le fait de répondre aux besoins d'aujourd'hui ne dérange pas trop le voisinage, sans quoi il est préférable de sacrifier les générations futures…
Nous faisons face à un changement climatique majeur qui conduit à une prise de conscience à tous les niveaux. Nous devons nous soucier de la capacité des générations présentes à assurer la production de leur énergie et, en même temps, à tolérer un changement des pratiques de production et de consommation. C'est dans ce contexte que la majorité a choisi un mix énergétique qui se traduit, dans le cadre de la PPE, par les engagements suivants pour fin 2023 : s'agissant de l'éolien terrestre, la puissance installée devra atteindre 24,6 gigawatts, tandis que l'objectif a été fixé à 2,4 gigawatts pour l'éolien en mer.
Ces objectifs, assumés, impliquent de faire preuve de responsabilité collective. Selon l'Agence de la transition écologique, 80 % des Français se disent favorables au développement de l'éolien. Pourtant, 70 % des projets font l'objet de recours. Nous ne découvrons rien : c'est le fameux NIMBY – « not in my backyard ». Devant ce constat, on peut, comme tend à le faire la proposition de loi, ne résoudre aucun des problèmes mais les déplacer – et à force, on finit par ne jamais implanter des éoliennes – ou bien on peut, comme le souhaite le groupe majoritaire, faire preuve de responsabilité politique.
Nous pensons que l'énergie éolienne a toute sa place dans notre mix énergétique et qu'il faut non pas raisonner mais sécuriser le développement de l'éolien en France. Pour autant, aucun élu de la majorité ne nie les problèmes qui peuvent être liés au développement des projets dans les territoires. Je pense notamment à M. Yves Daniel, qui travaille depuis des années sur les conséquences des éoliennes pour les élevages, à M. François Cormier-Bouligeon, qui est confronté à la proximité d'un site classé au patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), ou à M. Hervé Berville, qui a souligné qu'il regrettait l'absence de concertation avec les pêcheurs pour les projets offshore. Nous devons travailler collectivement à la recherche de solutions adaptées pour permettre une implantation pérenne des énergies renouvelables (EnR), et plus particulièrement des éoliennes.
Le groupe majoritaire peut partager une partie du constat qui a été dressé mais en aucun cas les réponses figurant dans ce texte. Comme nous pensons qu'il faut continuer à travailler ensemble, nous laisserons le débat se dérouler mais nous ne voterons pas en faveur des articles de ce texte en l'état.