Intervention de Jimmy Pahun

Réunion du mercredi 25 novembre 2020 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJimmy Pahun :

Vous entendez, par cette proposition de loi, raisonner le développement de l'éolien. C'est une finalité que le groupe Mouvement Démocrate (MoDem) et Démocrates apparentés peut partager car la multiplication des champs d'éoliennes dans certains territoires et leur extrême densité posent un réel problème. C'est une préoccupation légitime dont le Président de la République s'est lui-même fait l'écho – vous l'avez dit, monsieur le rapporteur. Nier ce problème ne rendrait pas service à la transition énergétique car cela affaiblirait son acceptabilité et entraverait sa réalisation.

Le Morbihan, département où j'ai été élu, est concerné, notamment par les éoliennes en mer. Deux fermes, de 250 et de 500 mégawatts, doivent être installées au large de la baie de Quiberon, de Groix et de Belle-Île. Je défends ce projet pour plusieurs raisons. D'abord parce que la Bretagne ne produit pas d'énergie. Le parc éolien de Groix–Belle-Île et celui de la baie de Saint-Brieuc fourniront de l'électricité à un million de foyers. C'est la preuve qu'on peut aller de l'avant dans ce domaine. Vous dites que la concertation se fait sans les citoyens, mais ce n'est pas tout à fait vrai : celle autour du dernier parc est très bien faite. Nous avons revisité les erreurs du passé – que nous avons pu commettre, peut-être, pour le parc de Saint-Brieuc : je pense que les documents stratégiques de façade et les concertations avec les pêcheurs, évoquées par M. Alain Perea, vont dans le bon sens.

Le rapporteur ne nous invite pas à débattre sérieusement de ce sujet compliqué. Il cherche moins des solutions qu'une tribune pour attaquer l'énergie éolienne et se faire le défenseur d'une ruralité abîmée. La proposition de loi comporte trois articles, dont un qui demande un rapport. L'article 1er vise à interdire les éoliennes de 180 mètres, donc, en gros, toutes les nouvelles implantations, à moins de 1 500 mètres des habitations. L'article 2 donnerait aux collectivités concernées un droit de veto sur les projets. Ce cadre strict et définitif, qui fait l'économie de toute nuance, pourrait contraindre excessivement le développement des projets locaux. Votre rapport, monsieur Aubert, est éclairant à cet égard. Les critiques formulées à l'encontre de l'énergie éolienne sont rudes et parfois violentes. Tout un paragraphe est consacré à l'éolien en mer, qui n'entre pourtant pas dans le champ de la proposition de loi. Tout cela est un peu caricatural.

Nous ne pouvons pas soutenir ce texte même si nous ne nions pas la réalité du problème et le besoin de solutions. Nous plaidons notamment pour une véritable planification territoriale, par exemple à l'échelle des régions, afin d'instaurer un équilibre. Il faut mener tout un travail pour lequel nous proposons de nous inspirer des conclusions du rapport de M. Bruno Duvergé, qui a travaillé durant de nombreux mois sur l'identification des freins à la transition énergétique. Outre une meilleure planification, nous suggérons la réalisation d'études pour connaître l'impact sur la taille du gisement éolien de l'augmentation de la distance par rapport aux habitations, le déploiement d'un réseau de conseillers afin d'aider les collectivités à mieux intégrer les projets éoliens dans leur dynamisme territorial et la promotion de systèmes réduisant les effets sonores et visuels des éoliennes.

Enfin, je rêve de voir sur tous les toits de Paris des petites éoliennes qui pourraient alimenter chaque immeuble.

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