Intervention de Julien Aubert

Réunion du mercredi 25 novembre 2020 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert, rapporteur :

Je propose que dans un délai d'un an à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remette au Parlement un rapport analysant l'impact de l'augmentation de la part de l'énergie éolienne dans le mix énergétique français sur l'équilibrage des réseaux électriques et sur l'augmentation du risque de coupures d'électricité.

Vous savez qu'un débat s'est ouvert avec la ministre qui a expliqué qu'il pourrait y avoir des coupures d'électricité cet hiver, mais que ce risque était géré.

En février 2012, alors que l'ensemble du parc nucléaire était disponible et que nous pouvions compter, avec le fossile, le nucléaire et l'hydraulique, sur 12 gigawatts de production pilotable supplémentaires par rapport à aujourd'hui, nous avions dû importer 7 gigawatts d'Allemagne pour passer l'hiver. Nous sommes à la fin du mois de novembre et nous avons déjà importé entre 1,6 et 2 gigawatts d'Allemagne, alors que la disponibilité du parc nucléaire est moindre.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE), comme les gestionnaires de réseaux de transport européen (GRT), nous ont mis en garde, et RTE commence à reconnaître qu'il pourrait y avoir un problème si plusieurs événements devaient survenir conjointement. Il faut réfléchir avant d'augmenter la part des énergies intermittentes, donc non pilotables. Nous nous sommes aperçus, lors de la commission d'enquête, que l'augmentation de la part de l'éolien ou de toute énergie intermittente était basée sur la théorie du foisonnement. On considère que lorsqu'il n'y a pas de vent en France, il peut y en avoir en Allemagne et qu'il y aura ainsi toujours une part d'énergie intermittente, ce que des experts très sérieux ont contredit, chiffres et graphiques à l'appui. Par ailleurs, les études de RTE tablent sur une disponibilité du parc éolien de 10 %, alors qu'en réalité, cette part peut tomber à 1 %.

Je rappelle que le dernier « black-out » remonte à 1978 – c'était une excellente année, celle de ma naissance – et que si nous devions revenir quarante ans en arrière, cela se chiffrerait en plusieurs dizaines de milliards d'euros : le réseau est désormais interconnecté et c'est un « black-out » européen qui se produirait. Remonter le réseau depuis les centrales hydroélectriques, pas depuis les centrales nucléaires, prendrait quarante-huit heures. Les hôpitaux seraient plongés dans le noir, les gens coincés dans les ascenseurs, et les batteries de secours ne durent que vingt-quatre heures. Ce n'est pas une question vaine. Un tel rapport permettrait de clarifier les choses, y compris pour RTE, et montrerait si nous avons lieu d'être inquiets ou pas.

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