Intervention de Jean-Baptiste Moreau

Réunion du mardi 15 décembre 2020 à 17h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Baptiste Moreau, co-rapporteur :

Maintenant que nous arrivons en France au bout d'un processus aboutissant à la suppression de quasiment 60 % des usages du glyphosate, je pense qu'il est important de transposer cette action au niveau européen. Il est important et nécessaire de rappeler que la France est la locomotive de l'ambition européenne visant à sortir du glyphosate. En effet, aujourd'hui, hormis le Luxembourg qui n'est pas spécialement connu pour être une puissance agricole puisque sa surface agricole utile représente moins de 1 % de la surface agricole utile européenne contre 17 % pour la France, nous sommes le premier pays européen réellement engagé dans l'interdiction du glyphosate. L'Allemagne et l'Autriche ont fait des déclarations d'intention mais, concrètement, n'ont encore rien mis en place pour en sortir. Même si nous pouvons être fiers de ce résultat, il est important d'en montrer les limites et les risques.

Les risques sont en premier lieu pour nos agriculteurs à qui nous imposons des règles de plus en plus strictes en leur répétant que ce n'est jamais assez quand leurs voisins européens dont nous consommons les produits importés bénéficient d'une rigueur nettement moindre. Il nous paraît important de souligner que l'interdiction du glyphosate doit être portée au niveau européen, sans quoi elle créera inéluctablement des distorsions de concurrence qui mettront davantage à mal nos agriculteurs et notre agriculture alors que nous prônons le retour de notre souveraineté alimentaire. Il est également important que l'Europe, si elle choisit en 2022 de sortir du glyphosate, se protège des importations de produits de l'étranger, provenant d'une agriculture qui utilise ce produit en réduisant considérablement les coûts de production. Nous avons eu des échanges avec nos collègues parlementaires européens pour qu'ils reprennent le flambeau de la sortie du glyphosate.

En France, la diminution de l'utilisation du glyphosate n'est pas seulement un projet : c'est déjà une réalité. Avec le soutien de la France, nous pensons qu'une interdiction pourrait être mise en place en Europe dès lors qu'il existe des techniques non chimiques de substitution, satisfaisantes à la fois d'un point de vue environnemental et d'un point de vue agronomique, avec un coût économique viable. Un soutien aux agriculteurs sera malgré tout nécessaire pour que ces alternatives ne mettent pas en péril les exploitations et la souveraineté alimentaire européenne. Cette interdiction doit s'accompagner d'un renforcement des aides européennes en faveur, plus globalement, de la réduction de l'ensemble des produits phytopharmaceutiques.

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