Vous évoquez à plusieurs reprises la question des quantités et de la difficulté à obtenir des données fiables. Il existe encore une incertitude sur les données que vous présentez dans votre rapport, et certains des résultats sont incomplets, non consolidés, puisque les chiffres de 2019 présentés ne sont pas consolidés par la BNV-D. Vous tirez donc des conclusions que je qualifierais d'hâtives sur le niveau de baisse. Je pense qu'un rapport de ce niveau devrait au moins en faire état.
Par ailleurs, vous parlez des quantités en volume alors que le sérieux voudrait que nous parlions en nombre de doses unités (NODU), qui ne varie pas lorsque les concentrations de matière active varient. Sinon, les comparaisons ne valent plus rien.
Cette baisse serait notamment due à l'interdiction de l'usage du glyphosate par les particuliers en 2019. Vous documentez finalement le fait que seule une interdiction aurait un effet sur la baisse des consommations.
Le plan Écophyto pose de même cette question des baisses et des dynamiques engagées. 710 millions d'euros ont été dépensés en dix ans pour, finalement, une augmentation globale des volumes de 25 % au lieu d'une baisse de 50 %. Je crains qu'Écophyto 2+ ne prenne le même chemin.
Vous pointez dans le rapport la question des cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques (CMR) pour dire qu'Écophyto 2+ est plutôt une réussite. Il reste pourtant un point aveugle qui me pose problème, celui du mancozèbe. Ce CMR 2 devait être classé en octobre 2019 comme CMR 1 et ne l'a pas été ; il a donc disparu complètement des radars alors qu'il est le plus utilisé des CMR, notamment des CMR 1, puisqu'il représente 82 % des utilisations d'après le rapport Écophyto 2018-2019.
Je m'inquiète de tous ces points aveugles du rapport, qui permettent d'avoir des conclusions un peu trop édulcorées à mon avis. En tout cas, je ne les partage pas. Je pense aussi que les alternatives sont rendues invisibles puisque l'audition de la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB) consacrée aux alternatives, longue et techniquement documentée, n'a fait l'objet que d'un encadré en page 64 du rapport. Les conclusions que vous en tirez me semblent clairement orientées, avec un besoin supérieur de main-d'œuvre, une compensation économique incertaine. Or, il a été démontré que le modèle est économiquement et agronomiquement soutenable.
Sur la partie agronomique, je regrette que les auditions de scientifiques de l'INRAE que j'ai réclamées à plusieurs reprises n'aient jamais été faites, et que les auditions de l'Institut technique de l'agriculture biologique (ITAB) n'aient pas pu avoir lieu.