Intervention de Laurence Maillart-Méhaignerie

Réunion du mercredi 27 janvier 2021 à 14h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Maillart-Méhaignerie, présidente de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Monsieur le président de la commission, mes chers collègues du Bundestag, mes chers collègues, je me félicite que nous nous retrouvions pour tenir cette réunion de la Commission des transports et des infrastructures numériques du Bundestag et de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale. Elle fait suite à une précédente réunion conjointe qui s'était tenue le 23 octobre 2019. Poursuivant notre coopération, elle s'inscrit pleinement dans le dialogue de nos deux assemblées, concrétisé par ailleurs par l'Assemblée parlementaire franco-allemande.

Nous entendrons alternativement un orateur par groupe du Bundestag, puis de l'Assemblée nationale. Des questions ou interventions supplémentaires prolongeront ensuite les échanges. Afin de rendre ceux-ci le plus vivants possibles, je vous invite, mes chers collègues, à ne pas hésiter à répondre aux questions de nos homologues allemands au fil de vos interventions.

J'en viens au fond de notre réunion. Nos deux commissions partagent de nombreux sujets d'intérêt commun. Lors de notre précédente rencontre, nous avions évoqué la transition vers des mobilités durables et plus respectueuses de l'environnement. Elles représentent un enjeu majeur pour nos deux pays et, au-delà, pour l'Union européenne. Sur la suggestion de nos collègues du Bundestag, nous aborderons aujourd'hui les projets transfrontaliers dans le domaine des transports visés par le traité d'Aix-la-Chapelle, le Pacte vert pour l'Europe et les stratégies pour l'hydrogène. Autant de vastes sujets, qui s'avèrent structurants pour l'Allemagne comme pour la France.

Concernant les projets transfrontaliers en matière de transports, je rappelle qu'il s'agit notamment d'agir sur les liaisons ferroviaires, qui influent sur la mobilité des populations et l'attractivité des territoires, ainsi que de peser sur leur transition écologique, en privilégiant des modes peu émetteurs de CO2. Cette transition apparaît déterminante dans notre lutte commune contre le dérèglement climatique.

À titre d'illustration, j'évoquerai les liaisons entre Colmar et Fribourg-en-Brisgau, entre Strasbourg et l'aéroport de Francfort, entre Strasbourg et le Palatinat, ou encore celle entre Sarrebruck et Paris.

En la matière, j'espère que nos échanges permettront d'identifier les freins éventuels et que nous contribuerons par notre réflexion collective à obtenir que ces projets progressent.

Le sujet du Pacte vert européen ne manque pas d'étendue. Il a trait à nos ambitions climatiques à l'échelle du continent. L'Allemagne et la France appartiennent à la catégorie des États qui militent en faveur d'objectifs climatiques ambitieux. En France, nous avons d'ores et déjà adopté plusieurs dispositions législatives qui traduisent notre intention de décarboner l'économie. Je pense par exemple à la fermeture programmée des centrales à charbon à l'échéance de 2022 ou au dessein de mettre un terme à la vente de véhicules neufs thermiques à l'horizon 2040.

Au plan européen, les débats conduisent à renforcer les objectifs d'ordre climatique. La volonté tend désormais à porter la réduction des émissions de gaz à effet de serre, par rapport à leur niveau de 1990, de 40 % à au moins 55 % d'ici à 2030. Nous devons donc engager une véritable transformation de nos économies. Elle nécessite que nous coordonnions nos efforts.

Je souhaite que nos échanges nous amènent à partager nos expériences respectives. Celles de l'Allemagne nous intéressent évidemment au premier chef ; vos éclairages, mes chers collègues, nous seront des plus précieux.

S'agissant de la France, je me dois de vous faire part de notre expérience récente de mise en place d'une Convention citoyenne pour le climat. Véritable exercice de démocratie participative, elle s'inscrivait parfaitement dans la philosophie du Pacte vert. Composée de 150 citoyens tirés au sort, elle a abouti à l'élaboration d'un même nombre de propositions, dans un esprit de justice sociale. Ces dernières visent à réduire de 40 % nos émissions de gaz à effet de serre avant 2030.

Cette instance a livré ses propositions à l'été 2020. Notre Parlement en débattra prochainement. Elles touchent à tous les domaines : les transports, évidemment, mais encore l'agriculture, l'alimentation, la consommation en général et l'économie circulaire, l'énergie ou encore le logement, avec la rénovation thermique des bâtiments. Nul doute que le débat s'avérera des plus féconds.

Il nous importe que la mise en œuvre du Pacte vert européen embrasse tous les secteurs, afin d'engager une transformation globale, transversale. Elle doit de plus susciter l'adhésion des citoyens. L'acceptabilité des mesures se révèle en effet l'une des conditions de leur efficacité.

Notre troisième sujet, celui de l'hydrogène, apparaît à l'évidence en France comme un secteur d'avenir pour la décarbonation de notre économie, spécialement des transports ou des sites industriels, lorsqu'il est produit à partir d'une électricité d'origine renouvelable. Pour sa part, l'Allemagne s'avère fort avancée dans ce domaine. Elle a été la première au monde à mettre en service un train à hydrogène. Nous avons tout à gagner à collaborer. Sous cet angle, nous nous félicitons de la stratégie de coopération renforcée que nos gouvernements ont annoncée, en vue de financer des projets communs. L'appui de l'Union européenne sera également décisif.

Vous le comprenez, je me réjouis des échanges que nous ouvrons sur ces sujets. Sans doute contribueront-ils à ce que nous progressions dans la voie d'une transition écologique coordonnée au service de nos territoires. Monsieur le président, je vous cède la parole.

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