Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du jeudi 4 février 2021 à 10h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Dans le sang et les larmes de la Libération, Marcel Paul a considéré que ce « bien commun » que constitue l'énergie devait être sous maîtrise publique. J'aurais aimé entendre ces mots de votre bouche, madame la ministre. L'énergie n'est pas une marchandise comme les autres.

Vous ne manquez pas d'air ! Vous dites entendre des rumeurs contradictoires sur le sujet, alors que vous négociez en catimini. Vous ne reconnaissez pas la légitimité des organisations syndicales : vous ne les avez pas reçues. D'ailleurs, quatre-vingt‑quatre parlementaires de tous les bancs demandent à être reçus par le Premier ministre, attendant de la transparence sur les négociations engagées.

Une nouvelle augmentation du prix de l'énergie vient d'être enregistrée : 50 % d'augmentation au total grâce à vingt années de libéralisation ! Mettrez-vous sur la table le bilan de ces vingt ans de politiques libérales ?

Hercule est un mauvais projet, un colosse aux pieds d'argile : nous n'en voulons pas. L'ARENH est évidemment un mécanisme asymétrique qui pénalise notre fleuron industriel – nous ne l'avons pas voté. Quel bilan en faites-vous ? Envisagez-vous un mécanisme de régulation à l'échelle européenne, en faisant payer aux Français ce qu'ils ont déjà financé ?

Alors que la dette d'EDF s'élève aujourd'hui à près de 41 milliards d'euros, que l'entreprise aura besoin de 35 à 45 milliards d'euros pour les carénages et la modernisation nécessaire de son appareil productif, pourquoi refuser une recapitalisation ? Rien dans le droit européen n'oblige la France à revenir sur l'unicité d'EDF. Rien ne s'oppose non plus à ce que le Gouvernement recapitalise immédiatement EDF afin de financer sa bifurcation écologique, la rénovation de son parc nucléaire ou le déploiement de nouvelles centrales. Sinon, qui paiera ces démantèlements – les concurrents, les Français, EDF ? Pourquoi la mise à l'encan d'ENEDIS ? Si 35 % d'ouverture du capital n'est pas une privatisation, je ne sais pas de quoi l'on parle ! Envisagez-vous de soutenir au niveau européen, ce qui serait audacieux, l'idée d'un service d'intérêt économique général pour ce bien commun que représente l'énergie ?

Ce ne sont là que quelques-unes de la multitude de questions que nous avons à poser. Nous souhaitons que ce projet, qui emporte la souveraineté énergétique de la nation, soit débattu et voté par le Parlement. Vous n'avez pas de mandat pour négocier avec la Commission européenne sur ce sujet.

J'ai évoqué Marcel Paul mais, des gaullistes aux communistes, en passant par les socialistes, les insoumis et les écologistes, l'attachement au service public national de l'énergie est largement partagé. Je vous prédis un bel anniversaire des 75 ans d'EDF si vous ne renoncez pas à ce mauvais projet !

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