L'énergie est un bien de première nécessité et il convient de veiller à son accès, notamment pour les plus précaires. Ne croyez-vous pas qu'il serait urgent, plutôt que de démanteler EDF, de réfléchir à dresser un bilan des vingt ans de libéralisation du secteur de l'énergie et notamment des conséquences que cette libéralisation a eues sur le tarif de l'énergie ?
Comment un homme intelligent comme vous peut-il considérer qu'il a raison, seul contre tous ? Les organisations syndicales sont opposées à ce projet et le spectre large de l'opposition dit qu'Hercule est un colosse aux pieds d'argile. Je partage votre avis : l'ARENH est le virus de la rage que l'on a inoculé à EDF pour affaiblir le groupe. L'enjeu n'est-il pas de réformer l'ARENH et de faire en sorte que l'énergie soit considérée comme un service public d'intérêt général ? Ce serait peut-être un pas vers une renationalisation du secteur de l'énergie. Que répondez-vous aux associations de collectivités locales face à leurs inquiétudes ? L'ouverture du capital d'EDF Vert va-t-elle conduire les actionnaires privés à s'inscrire dans une logique de rentabilité à court terme qui risque de fragiliser les investissements d'ENEDIS et l'accès au réseau ?
Hercule, je le souhaite, ne va pas aboutir. Sur quoi les négociations à l'échelle européenne bloquent-elles ? Avez-vous un plan B ? Celui-ci ne pourrait-il pas résider dans une recapitalisation par l'État, dans la transformation de la société anonyme (SA) en établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) et en retrouvant la voie de ceux qui, à la Libération, avaient considéré que ce bien commun devait faire l'objet d'un contrôle par la Nation parce qu'il posait des questions d'accès à un bien de première nécessité et qu'il posait des questions de souveraineté industrielle, de souveraineté énergétique ? Je crois que la crise a révélé qu'un État stratège devait ne pas abandonner ces deux notions.