Nous vivons la sixième extinction de masse de la biodiversité. En quinze ans, un oiseau sur trois a disparu des campagnes françaises, et les populations d'insectes volants ont diminué de 80 % en trente ans en Europe. Ce constat est devenu presque banal, il est pourtant glaçant. Sans protection de la biodiversité, il est illusoire de vouloir lutter contre le changement climatique.
Que ce soit dans le plan France relance ou dans le projet de loi « climat et résilience », le Gouvernement a considéré la protection de la biodiversité comme un enjeu tout à fait secondaire. Bien sûr, dans la communication officielle, vous vous targuez des milliards consacrés à la biodiversité dans le plan France relance. Mais quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit que cette enveloppe vise aussi à financer la rénovation de canalisations d'eau, le renforcement de barrages, la création d'un parc immobilier ou l'achat d'équipements destinés à l'agriculture intensive. Quel est le lien avec la biodiversité ?
Le projet de loi « climat et résilience » passe complètement à côté de la cible. Vous avez refusé nos propositions d'amélioration du texte concernant la protection des forêts ou la lutte contre l'artificialisation des sols. Les acteurs de la protection de la biodiversité – comme l'Office national des forêts (ONF) – manquent de moyens, tandis que le Gouvernement finance des projets destructeurs avec le plan de relance. Les projets de méga-entrepôts pour le e –commerce ne font toujours pas l'objet d'un moratoire. Vous autorisez de nouveau les néonicotinoïdes et faites sauter toutes les barrières juridiques visant à protéger l'environnement dans le cadre de travaux d'aménagement.
La biodiversité bénéficie en réalité de moins de 1 milliard d'euros, soit moins de 1 % du plan de relance, tandis que des milliards sont injectés dans les industries automobile et aéronautique, qui la menacent directement.
En septembre dernier, l'ONU a souligné la nécessité d'un renforcement de la prise en compte de la biodiversité dans tous les secteurs économiques, ainsi que l'insuffisance des efforts des États dans ce domaine. Pouvez-vous engager le Gouvernement sur des objectifs chiffrés pour enrayer l'effondrement de la biodiversité qui se déroule sous nos yeux, dans un silence assourdissant ?