Intervention de Maina Sage

Réunion du mercredi 7 avril 2021 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaina Sage :

Monsieur le directeur général, pour reprendre l'expression de mon collègue, je viens d'un territoire où le pire est déjà arrivé. C'est le bémol que j'apporte au bilan et à la stratégie que vous avez présentés : il n'y est jamais fait référence à la Polynésie française et aux travaux qui y sont menés. En Polynésie, 193 tirs, d'une puissance sept cents fois supérieure à Hiroshima, ont été réalisés en trente ans. Une quarantaine de ces tirs ont été aériens, et leurs lourdes conséquences pour la Polynésie ont été dévoilées en 2006.

Il m'est impossible de ne pas évoquer les dernières révélations de Disclose, média et ONG de journalisme d'investigation, qui remettent en question l'intégrité et la fiabilité des données de recherche rendues publiques par le CEA en 2006. Ces données ont fait l'objet d'analyses, et nous avons mis en place un dispositif d'indemnisation. Le rapport d'activité 2020 du Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN), qui revient sur dix ans d'activité, précise en page 19 que la méthode retenue se fonde sur « une étude du CEA, dont la méthodologie a été validée par un groupe de travail international missionné par l'AIEA, prolongée par des études de l'IRSN […] » Il est donc fondamental de recueillir votre avis sur cette question.

Dans votre stratégie pour 2030, vous évoquez trois axes fondamentaux : la qualité de l'évaluation et du contrôle ; l'exigence d'impartialité ; l'anticipation et la transformation avec l'évaluation collective. Compte tenu de ces nouvelles révélations, qui constituent une déflagration dans l'esprit et le cœur des Polynésiens, comment l'IRSN, dans son rôle d'expert indépendant, peut-il contribuer à faire toute la lumière sur la véracité et l'intégrité des données du CEA ? Au vu de cet imbroglio et des divergences d'interprétation de ces données, nous devons la vérité à tous les Polynésiens, et d'abord aux victimes.

C'est aussi une exigence de justice : ce fait nucléaire ne transparaît nulle part dans tous ces documents officiels, ces bilans et ces perspectives. Nous avons l'impression que c'est le jour et la nuit ; pourtant nous sommes autant en France, que l'on vive dans l'hexagone près d'une centrale nucléaire ou en Polynésie, dans ma circonscription, près de Mururoa et de Fangataufa.

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