Le projet de politique agricole commune et votre projet stratégique national se dessinent, avec leurs trois volets.
D'abord, le volet économique pour continuer d'assurer un bon revenu aux agriculteurs français, au-delà de ce qui est fait sur les prix agricoles, les négociations commerciales, de la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (EGALIM), ou de la proposition de loi visant à protéger la rémunération des agriculteurs, dite EGALIM 2.
Ensuite, le volet environnemental, avec les écorégimes, le plan protéines, l'ICHN et le bio ; enfin, un volet social, auquel je suis sensible. Certaines activités comme l'élevage ou les fruits et légumes ont besoin de main-d'œuvre, y compris étrangère. Le fait de conditionner certaines aides à un volet social qui tient notamment compte des conventions de l'Organisation internationale du travail paraît être une avancée. Il pourrait être un jour développé sur la question de l'employabilité de la main-d'œuvre en agriculture. Il s'agit en effet, notamment dans l'élevage, et pour les filières de fruits et de légumes et la viticulture, d'emplois non délocalisables de nos territoires.
Votre stratégie consiste à embarquer le plus grand nombre d'agriculteurs vers l'agriculture bio. Elle me paraît aller dans le bon sens, en considérant que l'exploitant en bio doit en retirer un revenu acceptable, par une meilleure valeur ajoutée et un meilleur partage de la valeur.
M. Guillaume Garot l'a dit, il subsiste cependant un problème de positionnement, entre l'agriculteur en haute valeur environnementale de niveau 3 et celui qui pratique l'agriculture biologique. Certains exploitants, tels des producteurs de lait ou d'œufs, arrêtent temporairement la conversion en bio. Pour la viande bovine, la question se pose entre la HVE de niveau 3 et le label rouge. Monsieur le ministre, même si la trajectoire que vous empruntez est bonne, pouvez-vous fournir des éclaircissements sur votre stratégie, pour rassurer ?
Outre l'employabilité de la main-d'œuvre du bio, il faut souligner le rôle des régions. Jusqu'en 2022, elles sont autorités de gestion pour les aides du deuxième pilier. Les autoriserez-vous à appuyer la stratégie de la politique agricole commune, notamment pour impulser les mesures agroenvironnementales et climatiques ?