Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mercredi 6 octobre 2021 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Il nous a été accordé à peine vingt-quatre heures pour travailler les documents budgétaires, soit 467 pages pour la mission « Écologie, développement et mobilité durables » ! Cela en dit long du respect que vous portez aux travaux parlementaires, notamment ceux qui portent sur les politiques écologiques. Nous apprenons, par ailleurs, par voie de presse, que vous présenterez un plan d'investissement le 12 octobre, au lendemain du début de l'examen du PLF. On finit par se demander à quoi servent nos débats en commission…

Mais j'entre dans le vif du sujet avec le fameux mythe de l'aérien et de sa prétendue neutralité carbone, un mythe que vous avez chiffré à 186 millions d'euros dans votre propos liminaire. Je ne sais si vous espérez que les avions du futur battent des ailes pour voler, mais j'ai le regret de vous annoncer que cette neutralité carbone n'arrivera pas et que, sans décroissance du secteur et report modal massif, la neutralité carbone est inatteignable. Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les ingénieurs de l'Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace.

J'ai toutefois une bonne nouvelle : la solution existe. Elle consiste à faire rouler des trains plutôt que de faire voler des avions, ce que nous savons déjà faire. Je pense notamment au fret ferroviaire, plusieurs fois évoqué ici, mais pour lequel la France est très en retard sur ses voisins européens.

Je me réjouis que vous soyez revenu à la raison et que la ligne Perpignan-Rungis puisse redémarrer, évitant ainsi des milliers de camions sur les routes. Cela faisait pas moins de deux ans que nous vous le réclamions.

Vous avez annoncé, il y a dix jours, une subvention de 170 millions d'euros par an pendant quatre ans pour l'exploitation des services de fret ferroviaire. À l'évidence, c'est trop peu. Je souhaiterais savoir où ira précisément cet argent et selon quel calendrier. Quelle part notamment sera réservée au wagon isolé ? Qu'avez-vous imposé au PDG de la SNCF sur ce sujet précis ? Quid du transporteur routier Geodis, filiale de la SNCF, qui fait de la concurrence à la SNCF sur ce créneau du wagon isolé ? Comptez-vous enfin revenir sur l'avantage concurrentiel offert aux camions en 2013, avec le passage de 38 à 44 tonnes ?

Enfin, qu'en est-il des investissements nécessaires aux infrastructures ? Quel montant avez-vous prévu pour les gares de triage, pour quelles gares et, question très précise, combien sera investi dans celle de Bègles-Hourcade, la seule de l'ancienne région Aquitaine et l'une des rares de Nouvelle-Aquitaine, bien qu'il s'agisse d'infrastructures stratégiques ?

Les débats budgétaires ne peuvent se satisfaire de déclarations d'intention ; nous avons besoin d'éléments clairs et précis, notamment quand il s'agit d'engager une bifurcation écologique de notre politique de transport. J'attends donc des réponses aussi précises que mes questions.

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