Madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, je crois que nous n'avons pas la même perception de la conduite des politiques publiques. J'admets que le budget constitue l'indicateur le plus approprié pour la communication médiatico-politique et que les moyens alloués à certains programmes ont été renforcés, ce qui permet de faire des annonces, mais la réalité est tout autre. J'en veux pour preuve le recul hallucinant de la capacité d'engagement de l'Office national des forêts, ou encore la déstabilisation du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA) par une politique publique visant à affaiblir ses moyens budgétaires. Ces organismes, quoiqu'ils ne relèvent pas de votre ministère, contribuent à la vision globale des territoires.
Surtout, ce que l'on perçoit sur le terrain tranche avec les discours tenus. Malgré la multiplication des affichages « France Relance » – jusque dans les cimetières –, les médecins et les services publics manquent et la mobilité contrainte prend en étau nos concitoyens démunis face à l'augmentation du prix de l'énergie. Nous ne percevons aucune modification de notre modèle de société, aucune stratégie d'organisation. Nous n'entendons par exemple jamais parler de l'expertise acquise en matière de limitation des contraintes de déplacement par M. Carlos Moreno, titulaire de la chaire Entrepreneuriat Territoire Innovation de l'Institut d'administration des entreprises de Paris, qui a théorisé les concepts de la « ville du quart d'heure » et du « territoire de la demi-heure ».
En outre, les programmes de logement se trouvent déstabilisés par le recul de l'approche pragmatique qu'avait instaurée la ministre Mme Sylvia Pinel. Quoiqu'elle fasse toujours référence cinq ans plus tard, cette approche est fragilisée par la politique brouillonne du Gouvernement.
Enfin, les collectivités – je citerai l'exemple de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur – mettent à profit les vannes ouvertes pour acquérir des bus chinois électriques. Cela va à l'encontre non seulement de la volonté politique commune de mettre les achats publics au service de l'intérêt général, mais également des annonces que le Président de la République a faites ce matin : les 30 milliards d'euros prévus par le plan France 2030 sont destinés à l'industrie française, non à l'industrie chinoise.