Madame la ministre, les annonces du Président de la République ainsi que le récent rapport de RTE ont dû vous mettre particulièrement mal à l'aise. En effet, il y a encore quelques mois, vous ne trouviez pas de mots assez durs pour dénoncer le nucléaire et ses dangers ; vous affirmiez qu'il fallait absolument en sortir. Aujourd'hui, vous êtes au pied du mur. Le plus responsable des scénarios proposés par RTE privilégie le nucléaire, puisque ce dernier présente le bilan carbone le plus cohérent avec nos objectifs de décarbonation. Nous sommes impatients de vous entendre sur cette expertise claire de RTE qui démontre les erreurs d'analyse des précédents gouvernements, mais également du gouvernement actuel.
Depuis dix ans, notre pays fait fausse route. En développant l'éolien tous azimuts et en fermant Fessenheim, nous dégradons notre bilan carbone. Fin août 2019, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) confirmait qu'il n'avait plus l'intention de construire le réacteur nucléaire de quatrième génération ASTRID, ce qui aurait pourtant permis la « fermeture » du cycle du combustible nucléaire. ASTRID était présenté comme un isogénérateur, c'est-à-dire capable de régénérer les déchets. Hélas, le recyclage à l'infini du combustible nucléaire n'est, semble-t-il, plus une priorité. Comment expliquez-vous cette décision incompréhensible sur le plan écologique ? Le nucléaire apparaît pour tous les scientifiques sérieux comme la solution au réchauffement climatique. Il est dommage que l'idéologie nous ait fait tant de mal.
Une politique globale en matière d'énergie renouvelable ne peut plus s'incarner dans l'énergie éolienne. Le rapport de RTE en prend acte, qui indique, page 46, que l'acceptation de l'éolien et du solaire est une problématique d'intégration dans le cadre de vie avant d'être environnementale. Les habitants des territoires concernés sont majoritairement opposés à l'implantation d'éoliennes. Vous devez les entendre.
Nous vous proposons de développer prioritairement, en vous en donnant enfin les moyens, la méthanisation, la géothermie et l'énergie marémotrice. L'usine de la Rance reste un exemple unique de ce que nous aurions dû développer. Des projets existent outre-Manche, d'une capacité de production équivalente à plusieurs réacteurs nucléaires ; chez nous, rien.
Enfin, gel des tarifs, chèque carburant, indemnité inflation : le Gouvernement multiplie les mesures pour tenter de limiter la flambée des prix de l'énergie. Celle-ci résulte certes de la hausse du coût de l'énergie, mais aussi des taxes liées aux tarifs de rachat des énergies renouvelables, lesquelles représentent plus d'un quart de la facture d'énergie. Loin des postures et des approches idéologiques, nous souhaitons vous entendre sur ces différents sujets.