Nous voilà prêts à examiner ce texte fourre-tout, habillé d'une bonne couche de discours technocratique alors qu'il enterre l'universalité de la loi et consacre la différenciation, que le Sénat a rendue obligatoire. Fidèles à votre logique de start-up, vous déclarez l'« open bar » pour les compétences routières – certaines régions récupèreront des tronçons de route nationale, d'autres non ; ailleurs, ce seront les départements ou les métropoles. Comprenne qui pourra !
Parce que la maîtrise des infrastructures de transport garantit leur gestion dans l'intérêt général et parce qu'elle représente un enjeu majeur de transition écologique, nous nous opposerons à tout nouveau transfert.
De même, les opérateurs privés sont autorisés à participer au financement d'aménagements autoroutiers. Chacun pourra y aller de son petit échangeur ! Disneyland, Amazon pourront s'en offrir un, sans autre souci que de se servir eux-mêmes, en goudronnant des terrains qui auraient pu échapper à l'artificialisation.
J'en profite pour dénoncer ce cavalier que vous espériez faire passer en catimini à l'article 62 : vous prévoyez de détricoter l'article L. 350-3 du code de l'environnement, dont Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, fut à l'initiative, pour faciliter l'abattage des arbres d'alignement. Décidément, après son recul sur les néonicotinoïdes, la ministre n'en finit pas de saper son propre travail ! Peut-être pourriez-vous lui rappeler que la secrétaire d'État du Président François Hollande qui avait écrit ces textes n'était pas une homonyme ?
Madame la ministre, vous pouvez toujours habiller ce texte de belles paroles technocratiques : non contente d'abattre les arbres d'alignement, vous tronçonnez l'égalité républicaine !