Fermez les yeux et imaginez. Vous sentez des embruns légers : vous êtes à Flamanville où le réacteur pressurisé européen (EPR) a pu être construit dans les temps pour un budget de 4 milliards d'euros seulement. Au loin, pas d'éolienne ni de panneau photovoltaïque, mais de jolies petites centrales nucléaires, les SMR. Au cours de votre voyage, vous cherchez, en vain, des déchets nucléaires radioactifs ou des sites d'enfouissement. C'est normal puisque vous rêvez. Dans ce rêve, Tchernobyl et Fukushima n'ont jamais existé, les récents incidents de la centrale nucléaire de Tricastin n'ont jamais eu lieu et Hugo, le lanceur d'alerte, n'a jamais été reçu au cabinet de la ministre Mme Barbara Pompili. Dans ce rêve, l'énergie nucléaire est une énergie verte ou propre. En réalité, le nucléaire est une énergie du passé. Personne ne veut d'une énergie qui peut, à tout moment, contaminer durablement l'eau, les sols et les êtres vivants, qui laisse des déchets radioactifs pour 100 000 ans, qui nous rend dépendants de quelques pays étrangers, souvent instables. Sauf vous, qui êtes prêts à toutes les compromissions. Afin que le nucléaire intègre les énergies vertes, vous êtes allés jusqu'à vous allier avec le pire de l'extrême droite européenne. Il faut le faire ! La Hongrie et la Pologne ont accepté de soutenir le nucléaire en échange de l'appui de la France pour inscrire le gaz au sein de la taxonomie européenne. Quel est le sens d'une taxonomie verte à laquelle seraient éligibles le gaz et le nucléaire ? On s'en doute : c'est une affaire de gros sous. Cette éligibilité facilitera les investissements dans le nucléaire et le gaz, au détriment d'énergies écologiques.
Cette taxonomie est une honte. Le monde entier tire la sonnette d'alarme et les anciens premiers ministres japonais ont même trouvé le temps d'écrire à la France pour l'alerter sur les dangers du nucléaire. Nous devons les écouter et avoir le courage politique de nous défaire des lobbies pour bâtir un programme qui nous permette d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Hélas ! vous n'en avez pas la volonté. Nous devrons donc nous en charger en avril et en juin.