Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mardi 15 février 2022 à 17h05
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Monsieur le ministre, vous nous resservez encore la science et la raison dans votre présentation. S'agissant de la science, un consensus se dégage dans les communautés scientifiques compétentes, pour considérer que le recours aux néonicotinoïdes en traitement préventif de semences est une cause majeure de déclin de la biodiversité dans les paysages d'Europe occidentale, en particulier des insectes et des animaux qui s'en nourrissent.

La dérogation se fonde sur une fiche concernant les réservoirs viraux. Fin novembre, l'Institut technique de la betterave (ITB) a réalisé des prélèvements sur des plantes hautes, à proximité des parcelles touchées par la jaunisse, pour mesurer un niveau de présence du virus dans les plantes susceptibles d'être des réservoirs viraux pour les betteraves en 2022. Seuls 7 prélèvements sur 267 parcelles de prélèvement se sont révélés positifs, soit 2,6 %, contre 117 sur 170 l'année précédente. Où est la raison dans le fait de prendre une énième dérogation, qui permettra d'utiliser les néonicotinoïdes sur 400 000 hectares, à partir d'une charge virale aussi faible ?

Par ailleurs, l'INRAE a participé aux votes du conseil de surveillance chargé du suivi et du contrôle de la recherche et de la mise en œuvre d'alternatives aux produits phytopharmaceutiques contenant une ou des substances actives de la famille des néonicotinoïdes, qui reconduisent de fait ces pesticides. Vous prônez souvent la neutralité et l'indépendance de la science ; le syndicat SUD Recherche de l'INRAE s'interroge sur la place particulière de l'institut dans le conseil.

Enfin, les membres du PNRI, qui étudient les solutions de rechange aux néonicotinoïdes, n'ont pas pu communiquer leurs conclusions au conseil de surveillance lors de la réunion de la fin du mois de décembre 2021. Du côté de la raison, il y a donc quelques manques sur des éléments qui sont pourtant cruciaux.

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