Je me rappelle, madame la ministre, votre impatience et votre exigence morale sous le précédent quinquennat pour que nous allions plus vite. Vous avez parlé de virage, on peut effectivement en voir un dans votre capacité à adopter désormais les compromis – et à les mettre en valeur – et la politique des petits pas.
Ce n'est pas un jugement moral. En effet, personne ne détient totalement la vérité sur le chemin à venir. Et nous sommes tous amenés, dans nos vies politiques ou nos vies tout court, à être parfois dans le compromis, parfois dans l'exigence. Il faut donc se référer à des faits et à des chiffres qui pourraient tempérer une espèce d'autosatisfaction gênante à cet instant.
Ainsi, le Haut Conseil pour le climat (HCC) rappelle que la France n'est pas aux rendez-vous de la trajectoire carbone qu'elle s'est fixée en 2015, et de la lutte contre l'effondrement. Comment aller plus vite ? Si les solutions de l'opposition n'étaient pas forcément formidables, elles doivent nous prémunir contre l'autosatisfaction.
Les compensations carbone sont devenues, comme je l'ai écrit dans Libération il y a quelques semaines, de nouvelles indulgences, c'est-à-dire une façon pour beaucoup d'industries de continuer comme avant sur le dos des paysanneries du Sud dont on accapare les terres. Quelles sont les initiatives prises par la France pour réguler ce marché carbone délétère qui peut détruire des écosystèmes ?
Les énergies renouvelables nécessitent un peu de planification et de régulation. Ainsi, le secteur de la méthanisation mérite une certification publique pour éviter certaines dérives. Aurez-vous le courage, malgré les résistances professionnelles, d'imposer une telle certification ?
S'agissant du photovoltaïque enfin, de grâce, est-il possible de réguler l'accès au foncier ? Nous avons des propositions très concrètes en la matière. Pourquoi n'avez-vous pas associé l'opposition à la recherche de solutions ?