Les fondations de l'édifice dont vous parlez sont le Grenelle de l'environnement de 2007 et les lois votées sous la présidence de M. François Hollande et présentées par Mme Ségolène Royal : celle de 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte et celle de 2016 pour la reconquête de la biodiversité.
En cette fin de législature, je ne pointerai pas les faiblesses ; chacun les connaît, et les organisations non gouvernementales (ONG) les signalent clairement. J'aborderai plutôt un enjeu qui constitue probablement le plus grand péril pour les prochaines années, à savoir la pollution plastique. Le dernier rapport de l'ONU sur la question est alarmant. Le plastique représente 85 % des déchets marins. D'ici à 2040, si rien n'est fait, les volumes de pollution plastique qui se déversent dans les zones marines seront multipliés par trois, soit 23 à 37 millions de tonnes de déchets plastiques en plus chaque année dans l'océan.
Certes, la France a pris quelques dispositions, mais elles sont insuffisantes pour mettre fin à la contamination par le plastique de l'ensemble du vivant à travers la chaîne alimentaire. En outre, certains aspects ont été totalement laissés de côté pendant la législature, notamment la pollution par les fibres textiles. Une seule mesure a été prise dans ce domaine, non sans difficultés d'ailleurs : celle qui a consisté à imposer des filtres pour les machines à laver. C'est un premier pas, mais il est insuffisant compte tenu du fait que la quantité de polyester aura connu une augmentation de 240 % en vingt ans, passant de 30 millions de tonnes en 2010 à 72 millions en 2030. Toutes ces fibres finiront dans les océans et tueront les coraux.
Je pense également à la pollution par la peinture, qui est responsable, selon l'étude menée par une société de conseil environnemental, de 60 % des microplastiques présents dans les océans, soit quatre fois plus que le total des fibres textiles synthétiques qui s'y trouvent et qui représentent elles-mêmes deux fois plus que les emballages plastiques. Autrement dit, les microplastiques présents dans les peintures constituent une pollution huit fois plus importante que les emballages plastiques. Or c'est un impensé de nos politiques publiques. Ce constat est terrifiant. Peut-on en faire une urgence de cette fin de législature ? Nous n'avons pas le temps d'attendre une nouvelle équipe et une nouvelle assemblée. La présidence de l'Union européenne par la France nous oblige à agir.