Il est dommage que nous n'ayons que deux minutes pour répondre à votre discours en forme de bilan, madame la ministre. D'ailleurs, vous avez oublié des épisodes importants comme le retour des néonicotinoïdes, l'Accord économique et commercial global (CETA) – entre autres traités de libre-échange –, le mensonge concernant le glyphosate ou encore la médaille d'or que mérite votre ministère en matière de suppressions d'emplois.
Vous saviez et vous n'avez rien fait. Oui, vous saviez que de graves problèmes de sûreté touchant la centrale du Tricastin avaient été dissimulés à l'Autorité de sûreté nucléaire. Vous saviez que « Hugo », lanceur d'alerte, était harcelé par sa hiérarchie pour avoir signalé des dysfonctionnements systémiques. Vous saviez que la centrale avait été inondée sur trois niveaux, obligeant les travailleurs sur place à écoper avec un aspirateur et des raclettes empruntés à un prestataire.
Vous saviez tout cela, madame la ministre, car vous avez reçu « Hugo » à votre ministère le vendredi 30 juillet 2021. Or, qu'est-ce qui a été décidé à la suite de cette réunion, tenue secrète ? Rien. Vous auriez pu saisir le procureur de la République, en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale, mais vous avez choisi vous aussi la voie du silence et de la dissimulation.
Vous saviez et vous n'avez rien fait, probablement pour ne pas contrarier les lubies du Président de la République. C'est le fait du prince : à Belfort, le Président a décidé que le pays devait s'engouffrer dans le tout-nucléaire, sans plan ni étude d'impact.
Avant de devenir ministre, vous étiez favorable à un débat démocratique sur le nucléaire, vous tiriez les conclusions du fiasco du réacteur pressurisé européen (EPR) de Flamanville, vous étiez sensible au sort des sous-traitants du nucléaire ; une fois nommée, plus rien.
L'Agence de la transition écologique (ADEME) souligne dans un rapport qu'il n'y a aucune nécessité de construire de nouveaux EPR ; le gouvernement auquel vous appartenez l'a soigneusement censuré. Votre ministère préparait un rapport sur la gestion des déchets radioactifs ; il a disparu. Pas un mot sur les déchets radioactifs, alors que les piscines de stockage de La Hague sont presque pleines : où allez-vous les entreposer ?
Surtout, si vous êtes incapable de garantir la sûreté des centrales existantes, comment croire que vous pourrez garantir celle des quatorze nouveaux EPR annoncés par l'apprenti-sorcier Macron ? Il suffirait d'un accident dans un seul réacteur pour condamner la France. Assumerez-vous alors d'être la ministre d'une catastrophe nucléaire ?