Intervention de Constance Le Grip

Réunion du mardi 5 décembre 2017 à 16h25
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaConstance Le Grip :

Madame la ministre, si nous étions dans un conseil de classe, le groupe Les Républicains porterait sans doute cette appréciation : « Des progrès, mais peut mieux faire ».

Nous partageons tous ce constat du caractère terriblement injuste, arbitraire et cruel du tirage au sort, mais aussi du très fort discrédit – pour ne pas dire plus – de la plate-forme APB, incapable de faire face au considérable afflux démographique de ces dernières années. Ce à quoi est venue s'ajouter l'injonction de la CNIL, qui a estimé que la plate-forme APB méconnaissait les dispositions de l'article 10 de la loi Informatique et Libertés. Il a donc fallu bâtir un nouveau système, abroger le tirage au sort et remplacer APB et l'esprit de l'ancien système par un nouveau dispositif ; dont acte, de même que nous vous donnons acte de votre volonté de tirer les conséquences d'un constat assez sombre, qui s'appuie sur des chiffres réels : celui d'un taux d'échec à l'issue de la première année et de la licence, à l'évidence excessif.

Mais s'il paraît nécessaire de bâtir un projet pour lutter contre l'échec et mettre en place un parcours de réussite, le projet de loi que vous nous proposez procède toutefois d'une approche trop minimaliste. Il répond certes à l'urgence de la situation, mais reste circonscrit et ne porte pas une véritable ambition, une vision d'ensemble constituant une réforme en profondeur de l'enseignement supérieur français.

Nombre de maux sont à traiter simultanément, ce qui nécessiterait des actes fondateurs – ou refondateurs – pour une université d'excellence, répondant vraiment aux défis du XXIe siècle. Peut-être l'esprit d'ouverture dont vous vous prévalez nous réserve-t-il quelques bonnes surprises au cours du débat parlementaire ; toujours est-il qu'en l'état actuel, ce texte est empreint d'une vision minimaliste.

Nous nous interrogeons également au sujet de la chronologie. Si nous avons bien compris que ce texte était lié à la future réforme du lycée et du baccalauréat, et sans doute aussi à une autre portant sur la formation professionnelle, l'apprentissage et l'alternance, les choses sont un peu floues ; nous avons du mal à adhérer à une démarche qui consiste à réformer l'accès à la première année de l'enseignement supérieur sans avoir préalablement posé les bases d'une réforme du lycée et du baccalauréat.

Enfin, de nombreux concepts restent très vagues, notamment celui des « attendus » censés remplacer les prérequis conditionnant l'accès des bacheliers à l'université. Certes, vous nous avez parlé d'arrêtés à venir ; toujours est-il que bien des choses mériteraient d'être précisées. Notre groupe présentera donc plusieurs amendements dans ce sens, et qui s'attacheront également à élever le niveau d'exigence de votre texte afin d'apporter des réponses à la hauteur des attentes de nos concitoyens.

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