Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du mardi 5 décembre 2017 à 16h25
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Madame la ministre, vous avez, à juste titre, insisté sur le fait qu'il était urgent de sortir du système inhumain du tirage au sort, qui provoquait un véritable gâchis pour les jeunes empêchés de rejoindre telle ou telle filière de l'enseignement supérieur à laquelle ils se destinaient.

Vous avez également évoqué la nécessité d'instaurer des parcours de réussite, afin d'éviter les abandons et les échecs dès la fin de la première année. Pour cela, il faut donner à l'université les moyens d'accueillir les étudiants dans de bonnes conditions et de respecter leur choix d'avenir.

Chacun s'accorde sur le fait que, chaque année, plus de 30 000 étudiants supplémentaires arrivent dans l'enseignement supérieur. Or, le budget dédié à chaque étudiant a baissé de 10 % en dix ans – ce dont vous n'êtes évidemment pas responsable, madame la ministre – et le projet de loi de finances pour 2018, que vous portez, ne prévoit qu'une augmentation de 200 millions d'euros, alors que toutes les organisations étudiantes et d'enseignants estiment qu'il faudrait 1 milliard d'euros pour accueillir les étudiants dans de bonnes conditions.

Faute de moyens suffisants, et pour sortir d'un système profondément injuste, vous instaurez une forme de sélection à plusieurs niveaux – « oui », « oui, si… » et « non » – s'effectuant à partir d'un travail effectué par les professeurs dans les lycées et qui nécessiterait, selon nous, des moyens supplémentaires pour l'orientation – alors que des centres d'information et d'orientation (CIO) ferment dans les départements. Pour ce qui est des attendus sur la base desquels les universités seront amenées à sélectionner les étudiants, ils seront en principe définis au niveau national ; reste que ce seront bien aux universités de choisir.

C'est la raison pour laquelle notre groupe présentera un certain nombre d'amendements qui viseront à éviter cette sélection à différents niveaux ; à permettre aux lycéennes et lycéens l'accès complet à leur dossier d'orientation et aux avis communiqués aux établissements supérieurs ; à instaurer un entretien avec l'équipe pédagogique avant toute transmission de leur dossier, afin que chaque lycéen puisse faire part de ses remarques et préciser son projet de formation et d'avenir ; à faire en sorte que chaque bachelier obtienne une affectation correspondant à l'un des dix voeux qu'il aura exprimés, et non à une filière qu'il n'aurait pas souhaitée – ce qui, comme on le sait, est cause d'échec.

L'intégration des étudiants au régime général de la sécurité sociale me paraît constituer un progrès, tant les dysfonctionnements s'étaient aggravés au cours des dernières années. Par ailleurs, cela va peut-être représenter un gain en termes de pouvoir d'achat pour certains étudiants. Je regrette cependant que des mesures complémentaires n'aient pas été prises pour améliorer l'accès aux soins des étudiants, qui constitue un véritable enjeu de santé publique. Nous présenterons donc également plusieurs amendements visant à améliorer la prise en charge médicale des jeunes en termes de prévention et de suivi.

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