Intervention de Stéphane Richard

Réunion du jeudi 2 juillet 2020 à 15h05
Commission des affaires économiques

Stéphane Richard, président-directeur général d'Orange :

En guise de propos introductif, je voudrais dire quelques mots sur la crise telle qu'elle a été vécue par Orange, sur les réseaux, le déploiement du très haut débit fixe et la 5G. J'évoquerai également le rôle et la responsabilité d'Orange par rapport aux questions climatiques et environnementales. Je crois que nous avons beaucoup à apporter sur cette question du dérèglement climatique.

Pendant la crise, les réseaux de communication ont absorbé une très forte charge sans incident notable. Orange a été parfaitement en mesure d'absorber des augmentations très fortes de trafic. Ainsi, pendant les semaines de confinement, le trafic de la voix a été multiplié par deux en moyenne. Sur les réseaux fixes en Europe, nous avons eu une augmentation moyenne de +30 %. Nous avons aussi eu de très fortes charges sur les liens internationaux et notamment sur les liens transatlantiques. Nous avons su répondre à cette très forte sollicitation des réseaux et c'est une vraie fierté. Nous avons été présents pour continuer à faire fonctionner l'économie, mais aussi le travail et l'enseignement à distance ainsi que le lien social.

Nous avons été très actifs sur le secteur de la santé et de l'urgence hospitalière. Nous avons ainsi doublé la capacité du SAMU dans les premiers jours de la crise. Nous avons également beaucoup travaillé avec les hôpitaux sur les problèmes de cybersécurité.

Nous avons par ailleurs été fortement sollicités pour accompagner les entreprises vers le développement massif du télétravail. Pendant le confinement, nous avons multiplié par sept le nombre de personnes travaillant à distance.

Si nous avons été capables de relever tous ces défis, c'est grâce à une mobilisation assez remarquable des salariés du groupe. Sur les 100 000 salariés que compte l'entreprise en France, 60 000 ont travaillé à distance, y compris dans des fonctions qui n'avaient jamais été pratiquées sous cette forme. Par ailleurs, 10 000 salariés ont continué d'intervenir et d'opérer sur site et sur le réseau pendant le confinement. Cette mobilisation et ce courage dont ont fait preuve les salariés du groupe méritent d'être soulignés.

Pendant cette crise, nous avons essayé d'être un acteur engagé et solidaire par rapport à nos partenaires. Dès les premiers jours, nous avons mobilisé une enveloppe de 300 millions d'euros pour soutenir la trésorerie de nos partenaires. Nous avons payé comptant toutes les factures inférieures à 50 000 euros et nous avons donné un mois d'avance de chiffre d'affaires à tous nos sous-traitants, ainsi qu'une sur-rémunération pour compenser les surcoûts liés aux mesures sanitaires qu'ils devaient mettre en place. Nous avons fait le maximum pour que nos partenaires puissent surmonter cette période.

Nous avons également apporté notre concours à divers projets dans le cadre de la lutte contre l'épidémie. Orange a été très actif et contributif au développement de l'application StopCovid. Nous avons aussi mené beaucoup d'actions via notre fondation.

Nous avons par ailleurs proposé à nos clients des facilités sur l'utilisation de leur téléphone, notamment en offrant 10 gigaoctets à tous ceux qui avaient épuisé leur forfait. 16 millions de personnes en ont bénéficié. Nous avons aussi rendu notre chaîne OCS gratuite pendant quelques semaines.

Alors que nous sortons de cette période et que la question de la relance est devant nous, nous sommes résolument déterminés à être le plus positif et contributif possible en ce qui concerne l'emploi et l'insertion des jeunes. Nous avons ainsi décidé de recruter 2 150 nouveaux apprentis en septembre 2020, au moment où beaucoup d'entreprises annoncent des plans sociaux et des réductions massives. Nous avons aussi décidé de maintenir le projet de lancement du centre de formation d'apprentis d'Orange. Il ouvrira ses portes dès la rentrée. Nous avons également mobilisé une enveloppe de 100 millions d'euros dans nos fonds de capital investissement pour soutenir les start-up qui ont été pénalisées par cette crise.

Les conséquences économiques de la crise Covid pour l'entreprise restent encore incertaines. Orange opère dans près de trente pays dans le monde et tous ont connu des phases de confinement. Cette crise a été violente et il y a d'ores et déjà un impact négatif et significatif sur nos activités. En France, la fermeture des boutiques pendant toute la durée du confinement a provoqué une baisse de chiffre d'affaires. De même, l'absence de déplacements internationaux a réduit les ressources provenant du roaming. Enfin, beaucoup de petites entreprises connaissent des difficultés qui nous impactent. En conséquence, afin de conserver des marges de manœuvre dans notre bilan, nous avons décidé de réduire notre dividende 2020 de 70 à 50 centimes d'euros. C'est une mesure de prudence, qui assure néanmoins un rendement correct à nos actionnaires.

Il faut retenir de tout cela que les télécoms sont infiniment moins affectés par cette crise que d'autres secteurs d'activité. Cette crise aura des effets négatifs, mais nous sommes suffisamment solides pour être parmi ceux qui pourront aider et promouvoir la relance de l'activité et de l'économie.

Concernant le développement des réseaux, j'aborderai successivement le plan très haut débit et la 5G.

Sur le très haut débit, nous sommes au milieu d'un immense chantier, celui de l'arrivée de la fibre optique en France. Orange a un rôle prépondérant dans ce domaine. Début 2020, nous étions parvenus à une organisation productive qui nous permettait de tenir les objectifs quantitatifs fixés pour le déploiement du très haut débit. Cela représente des dizaines de milliers de chantiers. Le confinement et la crise qui en découlent ont provoqué un ralentissement brutal de cette production. La France demeure néanmoins le pays le plus fibré d'Europe, avec 20 millions de foyers raccordés. Il faut le rappeler.

Nous estimons que le retard de planning provoqué par la crise est de l'ordre de deux trimestres. Un trimestre est directement lié au confinement et un autre est lié à des effets indirects et diffus sur la productivité. Ainsi, l'absence d'assemblées générales de copropriété pendant le confinement a bloqué le déploiement de 400 000 prises. De même, la reprise des chantiers est progressive et nous sommes encore loin de l'activité du début d'année. Du fait de la crise sanitaire, nous avons aussi connu un retard important sur les autorisations administratives. Par ailleurs, des sous-traitants de rang deux et trois ont été fragilisés par cette crise. Enfin, la filière de formation de la fibre, essentielle pour fournir les compétences nécessaires pour mener à bien ce chantier, est complètement arrêtée.

La crise sanitaire et ses conséquences généreront donc un retard que nous estimons à deux trimestres. Malgré cela, nous avons fait le maximum pour continuer à travailler en avril et en mai et je suis en mesure de vous annoncer que nous pensons atteindre en 2020 une production équivalente à celle de 2019. Étant donné le contexte, c'est un très bon résultat. Ce résultat sera cependant inférieur aux prévisions initiales puisque nous devions produire 30 % de plus qu'en 2019.

Concernant la fibre, tous les pouvoirs publics sont très focalisés sur la construction du réseau. Selon moi, ce n'est pas le vrai sujet. Je souhaite que les pouvoirs publics comprennent que le véritable enjeu sera de remplir ce réseau. Or, nous en sommes encore loin. La transition vers le réseau de fibre optique aura besoin d'être promue et facilitée. Il faudra notamment inciter les opérateurs tiers à privilégier la fibre plutôt que le réseau cuivre. Cela passe par une réflexion sur l'augmentation du prix du dégroupage. Un autre sujet propre à Orange porte sur le rythme de fermeture du réseau cuivre.

S'agissant du New Deal mobile, nous serons au rendez-vous en fin d'année. Orange respectera son plan de déploiement.

Je ne développerai ni la 5G, ni les aspects environnementaux car je pense que vous ne manquerez pas de me poser des questions sur ces sujets.

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