Je vais essayer d'apporter un maximum de réponses à toutes ces questions.
Le retard de déploiement de la fibre est effectivement concentré sur la zone Amii, puisque les chantiers en cours concernent essentiellement cette zone. Les zones très denses sont quasiment achevées et les Rip (Réseaux d'initiative publique) montent en puissance. Je rappellerai que l'objectif commun était que la zone Amii soit fibrée à 92 % fin 2020. La couverture complète est quant à elle prévue pour 2022. Nous n'atteindrons pas l'objectif fixé pour 2020, non par mauvaise volonté ou par paresse, mais en raison des événements que nous venons de connaître et de leurs conséquences pratiques.
J'ajouterai que nous avons toujours été favorables à la complémentarité dans les technologies pour apporter le très haut débit sur les territoires. La France a décidé de recourir massivement à la fibre optique jusqu'à l'utilisateur, et je pense que c'est une bonne décision. Néanmoins, cela n'aurait aucun sens d'apporter la fibre optique jusqu'à l'ensemble des habitants de ce pays où qu'ils se trouvent.
Personnellement, je suis tout à fait favorable à la création d'un fonds pour aider la filière et les sous-traitants, à l'image des plans qui ont été lancés dans l'automobile et l'aéronautique. Cela permettrait entre autres de renforcer les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui ont un rôle clé dans le chantier de la fibre.
S'agissant de la 5G, elle est l'objet d'un débat d'une ampleur beaucoup plus importante que les technologies précédentes, 4G et 3G. Il repose sur la crainte de l'exposition aux ondes, mais aussi sur beaucoup de fake news. Le premier objectif consiste donc à poser le débat sur la 5G de façon rationnelle, incontestable, transparente, et factuelle. J'observerai également qu'il s'agit d'un débat très européen. Il n'y a pas de débat de cette intensité aux États-Unis. Pour notre part, nous sommes convaincus de l'intérêt de la 5G. Les réseaux mobiles sont de plus en plus sollicités parce que la société se digitalise et que les usages évoluent. Nous avons absolument besoin de la 5G pour éviter la congestion et la saturation des réseaux mobiles.
La 5G représente par ailleurs un progrès important en termes de débit et de latence. Si l'usage de la 5G n'aura pas de conséquences spectaculaires pour le grand public dans un premier temps, elle sera un véritable game changer pour toute une série d'opérations à distance et en temps réel. L'industrie 4.0 et la robotique ont besoin de la 5G.
Je soutiens également que la 5G peut être extrêmement utile pour lutter contre le dérèglement climatique. Ainsi, elle consomme moins d'énergie que la 4G à performance équivalente.
Concernant l'exposition aux ondes, ce n'est pas un sujet nouveau. Les bandes basses sont identiques à celles utilisées pour la 4G. En revanche, un sujet se posera pour les bandes très hautes, jamais utilisées dans la téléphonie mobile. Je pense qu'il serait raisonnable d'étudier sérieusement cette question.
La 5G ne s'accompagnera pas non plus de dizaines de milliers d'antennes supplémentaires. Dans la première phase de déploiement, la 5G utilisera les sites 4G. Ce n'est que dans un second temps que des antennes supplémentaires pourraient être installées. Nous n'en sommes pas encore là.
Pour moi, la 5G est un progrès pour l'économie. Elle est importante pour les entreprises qui veulent prendre le virage du digital. C'est aussi un enjeu de compétitivité pour la France sur lequel notre pays a pris du retard puisqu'Orange a déjà démarré la 5G dans plusieurs pays européens. Ce retard n'est pas compatible avec les ambitions affichées d'être une « start-up nation » ou le pays de la « french tech ».
Malgré tout, je constate qu'il existe un débat sur la 5G et que des majorités municipales récemment élues portent des discours négatifs sur cette technologie. Il faut les écouter et les entendre, et qu'il y ait une vraie transparence sur le sujet. Ce débat doit être purgé car nous ne pouvons déployer la 5G dans un climat d'hostilité. Même si la compétence des communes dans ce domaine est limitée, notre objectif est d'apporter une technologie pour le bien de la population. Nous ne voulons pas imposer la 5G si la population la refuse. J'observerai que le Gouvernement lui-même est traversé par ce débat. Un travail a été demandé à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES). Je ne sais pas s'il faut attendre les résultats de ce travail pour prendre une décision définitive, mais quoi qu'il en soit, nous avons besoin de clarté. N'oubliez pas que des enchères sur les fréquences sont prévues en septembre.