Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mercredi 29 juillet 2020 à 17h35
Commission des affaires économiques

Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

C'est avec grand plaisir que je retrouve votre commission. Depuis ma prise de fonction, j'ai beaucoup consulté les organisations professionnelles, les syndicats, les agriculteurs, les parlementaires, les élus locaux, bref, tous les acteurs de la chaîne agricole et alimentaire, et je suis persuadé que mon ministère doit rester tourné vers les territoires et maintenir une grande proximité avec les Français. Je remercie les acteurs du secteur agroalimentaire qui ont continué à travailler dur pendant le confinement, évitant aux Français de subir une rupture de la chaîne d'approvisionnement. Nous devons rester vigilants et je serai le garant de notre volonté commune de répondre de manière constructive aux nombreux défis qui se présentent à nous.

Je serai le ministre des agriculteurs, dont je connais très bien le métier, mais aussi celui de l'accès pour tous à une alimentation saine, durable et de qualité, en métropole et en outre‑mer. Ces deux domaines ont un enjeu commun, la santé – or, on sait que la santé dépend étroitement de l'alimentation et que celle des Français est certainement la meilleure du monde sur le plan nutritionnel.

Mon action sera guidée par quatre axes. Premièrement, nous devons reconquérir notre souveraineté alimentaire. Cela passera par un plan de souveraineté sur les protéines – car, si la France est plus avancée que d'autres pays européens, elle n'est pas autosuffisante – et par des mesures visant à ce que nos agriculteurs soient payés au juste prix, venant compléter celles déjà prises par M. Stéphane Travert dans le cadre de la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018, dite EGALIM.

Deuxièmement, il nous faut garantir l'accès de tous à une alimentation saine et durable, ce qui se fera notamment en favorisant les circuits courts, c'est-à-dire la consommation d'aliments frais, produits près de chez soi – on peut espérer que l'évolution observée en ce sens durant le confinement soit durable –, mais sans négliger les exportations. Il faudra aussi mieux informer et accompagner le consommateur, qui est un véritable acteur, sans perdre de vue que l'inégalité sociale est aussi alimentaire.

Troisièmement, nous devons ancrer l'agriculture française dans les trente prochaines années afin qu'elle devienne une référence internationale et, pour cela, accompagner nos agriculteurs – qui utilisent beaucoup les nouvelles technologies – dans des transitions agroécologiques qu'ils ont déjà engagées pour les phytosanitaires ou l'adaptation au changement climatique – je pense aux retenues d'eau, à l'aspect assurantiel ou encore à la ventilation dans les élevages, enjeu important en termes de condition animale.

Quatrièmement, il nous faut accompagner le renouvellement des générations et la transmission des installations agricoles, ce qui nécessite de travailler sur les aides à l'installation et sur le foncier.

Au-delà de ces quatre axes, nous avons plusieurs défis à relever, notamment celui de la forêt et de sa gestion en amont et en aval, sur lequel un rapport parlementaire vient de m'être remis. Je pense aussi à la condition animale, en particulier celle des animaux de compagnie. La question de l'accompagnement des filières, notamment des filières d'excellence que sont le cheval, l'aquaculture ou la transformation agroalimentaire, est très importante. Parmi les sujets de court terme, on peut citer la jaunisse de la betterave, la sécheresse, le scolyte des forêts et le soutien à la viticulture.

Trois échéances se profilent à court terme, à savoir la finalisation du budget de mon ministère, le plan de relance et les négociations de la politique agricole commune (PAC), qui ont abouti à un accord satisfaisant pour la France puisque le budget de la PAC augmente de près de 6 milliards d'euros par rapport à la période de référence en euros courants et de près de 22 milliards par rapport à la proposition de la précédente Commission de l'automne 2018. J'ai l'obsession des résultats pour nos agriculteurs, pour les acteurs de la filière agroalimentaire et pour les consommateurs, mais sans perdre de vue cette finalité qu'est la santé des Français.

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