La crise du covid-19 a montré la résilience de nos filières qui ont continué à produire en quantité et en qualité, notamment grâce à un dialogue interprofessionnel qui a permis de mieux s'organiser – je pense à la filière du lait. La crise a aussi mis en lumière des failles dans notre système européen, notre dépendance à la main‑d'œuvre saisonnière étrangère, affectée par la fermeture des frontières, notre dépendance aux importations, notamment en ce qui concerne l'alimentation animale et les protéines. La réduction des débouchés a obligé certaines filières à stocker des denrées. La loi EGALIM n'ayant pas réglé le problème, la grande distribution a continué de réduire les marges en faisant pression à la baisse sur des produits agricoles de première nécessité – si les ventes de viande ont augmenté en volume, les prix payés aux producteurs n'ont jamais été aussi bas depuis trois ans. Quelles orientations pour l'agriculture défendrez-vous dans le cadre du plan de relance qui sera présenté fin août ?
La réponse de l'Union européenne face à la crise a été insuffisante et trop tardive. Début mars, la Commission européenne a adopté des mesures d'urgence telles que l'extension des délais de paiement de la PAC, le relèvement des taux d'avance sur paiement direct et la flexibilité dans les aides de l'État – dont les Pays-Bas, rangés dans les pays dits « frugaux », ont été le principal utilisateur… Début avril, la Commission a réduit les contrôles physiques pour les aides de la PAC, et ce n'est que fin avril qu'elle a pris des mesures de marché, notamment pour aider les opérateurs privés à stocker certains produits – viande bovine, ovine et caprine, beurre, fromage et poudre de lait – et éviter l'effondrement des prix. Cette aide ne convient pas à toutes les filières, il faudra en tenir compte pour la future politique agricole commune et son articulation avec le Green New Deal et les accords internationaux.
Que faire pour restructurer et rendre plus fortes les filières, notamment d'élevage ? Quels outils de régulation du marché pourra-t-on retenir au niveau européen – je pense aux organisations interprofessionnelles qui ne sont pas reconnues à ce niveau, ce qui pose des problèmes en termes de régulation en prix et en volume sur les marchés ?